«To HDR or not to HDR?…voilà qui n’est plus la question »

Marais de la Rivière-aux-Cerises

Photo: Louis Lavoie Photo

Le procédé a ses détracteurs et ses farouches partisans.  Le HDR laisse rarement indifférent, surtout si le traitement photo a été un peu accentué.  Le «High dynamic range (imaging)» (HDR ou «Imagerie à grande gamme dynamique» tel que défini dans Wikipedia) est un procédé qui consiste à coupler un ensemble de photos du même sujet prises à des expositions différentes et à les assembler par le biais d’un logiciel.  On parvient alors à attribuer plus de valeurs à un même pixel. Il en résulte en des photos ayant une palette plus riche en matière de tonalité.  Depuis trois ans, la popularité de ce procédé connaît une croissance hors du commun à un point tel que certains boîtiers (sauf erreur Pentax, Fuji)  ont maintenant une fonction «HDR».  Le logiciel de l’appareil non seulement fait le bracketing automatique pour prendre les photos mais assemble également celles-ci.  «Trop, c’est trop» iront jusqu’à dire certains.  Mais jusqu’où est «trop»?

Ville fantôme...Rhyolite

Photo: Louis Lavoie Photo

Pourquoi se tourne-t-on vers le HDR pour faire une photo?  Initialement, on favorise le HDR lorsque le sujet qui nous intéresse a un registre si étendu de zones d’ombres et lumineuses que notre appareil photo ne pourra bien mettre en relief correctement les détails dans les zones les plus sombres de notre cadrage.  La photo de droite est un bon exemple de l’écart extrême qui existait dans cette situation entre l’éclairage très lumineux à l’extérieur du véhicule à l’abandon et son intérieur très sombre – beaucoup plus sombre en fait que le démontre la photo.  Devant un tel écart, l’appareil hésite et attend vos instructions à savoir s’il doit exposer pour l’intérieur du véhicule ou pour l’éclairage extérieur.  Inévitablement l’un ou l’autre des éléments sera trahi.  J’ai donc fait le choix de prendre trois photos, (une «normale», une sous-exposée et l’autre sur-exposée) pour les assembler par le biais de Photomatix, un logiciel spécialisé.  La résultante est une photo qui présente des détails dans chacune des zones du cadrage, chose qui aurait quand même été possible si j’avais eu recours à un «p’tit coup de flash» pour illuminer l’intérieur.  Le résultat aurait été autre toutefois.  Les détails seraient apparus mais sans une certaine richesse de tonalités.

Prendre de trois à cinq photos pour les assembler, voilà qui ne soulève certainement pas les passions.  Les photos à double exposition par exemple existent depuis des lunes. Mais le traitement logiciel des photos HDR en fait certainement sourciller plus d’un.  Il y a quelques années, j’ai été assez stupéfait lorsque j’ai vu des photos HDR pour la 1ère fois.  Le «ah ouin!» a vite fait place au «mais comment y’ont fait ça!?».  Je découvrais des photos HDR très colorées – hyper-colorées aux tonalités passablement poussées.  Exagérées oui mais tellement différentes et certainement spectaculaires.

Église à Bethlehem

Photo: Louis Lavoie Photo

«Ce n’est pas naturel!» d’affirmer plusieurs.  Le débat est lancé.  Et je pose la question: «Qui est-ce qui est naturel dans la photographie d’aujourd’hui?»  Déjà, prendre une photo signifie que dans notre cadrage, nous exerçons des choix qui ne sont pas «naturels».  Nous choisissons d’exclure des éléments.  Nous choisissons de privilégier un élément spécifique au 1er plan alors que dans la nature, cette hiérarchie n’existe peut-être pas autant que nous l’interprétons dans notre photo.  Nous créons avec la vitesse lente des flous qui n’existent pas.  Avec la profondeur de champ, un objet est précis au 1er plan et l’arrière-plan est flou.  Est-ce réel?  Naturel?  Puis, avouons-le, avec nos logiciels de traitement de l’image, nous manipulons notre photo.  À une autre époque, on faisait du «dodging and burning» au moment de l’exposition d’une photo.  Aujourd’hui, avec le bruit numérique qui vient avec nos fichiers – et surtout si on photographie en mode RAW comme moi, il faut absolument faire du traitement photo.  Alors, le travail en chambre numérique fait parti de ma démarche et le traitement photo en HDR s’ajoute à l’arsenal.

Lever du soleil sur Death Valley

Photo: Louis Lavoie Photo

En ce qui a trait au HDR, j’ai parfois privilégié une approche «naturelle» (sic!) dans mon traitement pour certaines photos, parfois j’ai appuyé volontairement le traitement.  Pour la photo de gauche de Zabriski’s Point dans Death Valley au lever du jour, l’écart était important entre le soleil qui illuminait la chaîne de montagnes à l’arrière et mon avant-plan plutôt sombre.  Attendre que tout soit illuminé n’était pas jouable car au moment où mon avant-plan aurait été illuminé de façon correcte, les montagnes seraient devenues fades.  J’ai donc pris des photos en fonction d’un traitement HDR et ai visé un traitement numérique «naturel» pour cette photo.  J’aime bien cette photo qui illustre bien le relief spectaculaire du lieu même si celle-ci, grâce aux personnages, donne une meilleure perspective.

"Si j'avais un char...."...California dreaming...

Photo: Louis Lavoie Photo

Par contre, ma réflexion a été toute autre avec cette autre photo de mon camion abandonné dans la ville fantôme de Rhyolite en Californie aux abords de Death Valley.  Le sujet en soi est caricatural.  Ici, on ne recherche pas le naturel.  Le véhicule est rouillé, le siège – que dis-je – l’amoncellement de ressorts est éventré.  Encore une fois, un écart important existe entre la faible lumière à l’intérieur du véhicule et le plein jour à l’extérieur.  Je n’ai eu aucun remords à faire une photo accentuée dans ses couleurs et ses teintes.

Closed...for winter?

Photo: Louis Lavoie Photo

Même  explication et raisonnement dans le cas de la photo de gauche.  L’exposition de cette scène n’était pas très intéressante.  Faible luminosité, plusieurs zones d’ombres.  Toutefois, les teintes étaient intéressantes mais l’éclairage ne leur rendait pas justice.  Le HDR est venu à ma rescousse.  Le sujet m’apparaissant surréaliste, je n’ai pas hésité à appuyer le traitement logiciel de la photo. On aimera, on n’aimera pas.  On jugera le tout «caricatural» à l’instar de ce bric à brac.  Bravo alors puisque c’était l’effet que je recherchais.

Musée des Beaux-arts (Ottawa)

Photo: Louis Lavoie Photo

Dans la photo de droite, le HDR à peine appuyé permet de faire ressortir l’aspect monumental du Musée des Beaux-arts à Ottawa avec toute la richesse de ces teintes même dissimulées dans des zones d’ombre.  J’aime bien également le fait que le HDR permet de dégager un certain relief dans un ciel originalement grisâtre et sans vie.

Le HDR est un outil intéressant et pertinent à mettre dans votre sac photo.  La recette est simple: trois photos ou cinq photos bracketées à 0 -1 +1 si vous prenez trois photos ou encore 0 -1 -2 +1 +2 si vous prenez cinq photos.  Explorez le manuel de votre appareil car souvent la fonction existe pour faire du bracketing automatique.  Vous pourrez ensuite amalgamer les photos à l’aide d’un des logiciels suggérés ci-dessous.

Le HDR fait-il parti de votre sac photo?  Êtes-vous de ceux qui aimez ou encore appréciez moins  les photos HDR?

Merci de me lire.  Enrichissez mon propos avec vos commentaires.  Avec vos mots, ce blogue n’en deviendra que plus riche.

Note: Intéressé par un cours d’initiation à la photographie?  Je donne une série d’ateliers en février et mars (2011) au Cégep régional de Lanaudière.  Inscription en cours.

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Un commentaire pour «To HDR or not to HDR?…voilà qui n’est plus la question »

  1. Jean-Pierre dit :

    Oui, le HDR est toujours la question !
    Car un bon HDR ne devrait absolument pas se faire voir tellement il devrait être subtil. Une réussite sur mille… en caricaturant !
    On peut, dans un sens, comparer le HDR à un effet de mode qui, dans de nombreux cas, permet de masquer une photo déjà ratée à la prise de vue. Un manière en somme de gommer grossièrement la pauvreté de la prise de vue / de la composition.

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