L’échelle humaine et la photo

© Louis Lavoie photo. N'hésitez pas à commenter ou à vous procurer cette photo si elle vous plaît. You like this photo? Don't hesitate to comment or order.«To be or not to be, that is the question!» de Shakespeare pourrait se traduire pour le photographe par «Inclure ou ne pas inclure, voilà la question!» Ah, le grand dilemme: inclure des silhouettes dans nos cadrages paysage ou non? Pourquoi le faire?  Pourquoi les garder? On «photoshop» ou non? Avec des silhouettes humaines, vos photos ne se vendront sûrement pas vous dites-vous.  Ah oui?  Pas sûr.

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À nouveau bon début d’année à vous tous et merci d’être à notre rendez-vous hebdomadaire.  Le boulot de mon côté ne manque pas: traitement des photos de mon récent voyage dans le désert du Mojave et Death Valley en Californie, préparation de mes formations qui débuteront d’ici quelques semaines, formations privées en sus.

Ce voyage pendant deux semaines dans des étendues désertiques a été très vivifiant. Tente, sac de couchage, équipement photo et véhicule tout terrain.  En sus, un itinéraire approximatif et la liberté de camper où l’on veut dans le Mojave.  Ajoutez-y une pincée de belles journées ensoleillées (il pleut moins de cinq cm d’eau par année!), des soirées au mieux fraîches, souvent froides, une nuit tombante vers 17 h 30 et vous avez un cocktail du temps des Fêtes assez unique.

Qu’il s’agisse du Mojave ou Death Valley, le décor est impressionnant et unique dans les deux cas.  Pour un mordu de photo paysage, voilà deux endroits à mettre sur votre liste voyage.

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Même si dans le Mojave il est facile d’être seul (très seul même) et d’avoir les paysages à soi, certains endroits dans Death Valley sont un peu plus achalandés selon les périodes de l’année.  Si certains canyons sont peu fréquentés, d’autres par contre sont plus courus.  Il se trouve qu’il est normal que les lieux les plus photogéniques ou pittoresques attirent les foules.  Pas toujours évident alors pour un photographe paysage de pouvoir capter les photos au moment voulu sans une présence humaine dans le cadrage.   Ça représente parfois un défi aussi important que de vouloir prendre une photo sans une présence humaine dans la Cité interdite à Beijing.  😉

Loin d’avoir été une source de frustration pour moi lors de mon dernier voyage, je me suis surpris plutôt à rechercher l’inclusion de personnages à l’intérieur de mon cadrage.  Deux raisons militaient dans cette direction.  Comme vous pouvez le constater dans mon choix de photos jusqu’à maintenant, les lieux que j’ai captés sont de vastes étendues, à perte de vue dans le cas de la première.  Pour bien apprécier l’ampleur du paysage, il était alors essentiel de mettre un élément de référence qui permet au lecteur de notre photo d’en saisir l’échelle.  Ce qu’on voit, c’est loin?  Proche?  Ça fait quelle hauteur?  Autant de questions qu’un lecteur se pose dès les premiers instants qu’il pose les yeux sur notre photo.  La 2e raison était davantage émotive.  Puisque je me baladais seul dans le désert pendant deux semaines, j’ai été davantage à la recherche du contact humain – même s’il n’était que visuel assez souvent.  L’inclusion de cette présence humaine dans mes cadrages n’était donc pas source de frustration.

Cette inclusion de personnages donne immédiatement des éléments de réponses au lecteur.  Dans le cas de la photo du haut, cette sympathique famille belge s’était arrêtée au tournant d’un sentier dans les «badlands» de Zabriski Point (Death Valley) pour se reposer.  J’ai eu la chance que le père reste debout, le regard tourné au lointain.  Il apprécie – tout comme nous – cette vue splendide sur les badlands et la chaîne de montagnes à l’arrière-plan. L’inclusion des personnages n’est pas envahissante dans le cadrage, la famille étant positionné dans le tiers droit inférieur.  C’est une référence, pas le sujet principal de la photo.

Mêmes principes dans la photo ci-haut.  Il s’agit de la même famille 🙂  Pendant qu’ils se reposaient, j’ai le temps de faire cette première photo puis de poursuivre mon chemin pour en prendre une 2e en légère plongée.  Dans ce cas-ci, le père (toujours debout) permet de donner un point de repère pour apprécier l’immense falaise à la gauche.  Mon oeil était attiré par ces quelques nuages qui se dégageaient de la paroi mais l’inclusion plus bas dans mon cadrage de cette famille me convenait parfaitement.  Manifestement, si j’avais voulu faire une photo de cette scène sans eux, il m’aurait fallu patienter beaucoup avant leur départ.  Peut-être que d’autres nuages auraient pris le relais…ou peut-être pas.  Et peut-être que d’autres personnes seraient arrivées dans mon cadrage.  Bref, il faut souvent composer avec la situation et évaluer nos options.  Incidemment, j’ai pu converser avec cette famille.  L’échange de coordonnées m’a permis de leur acheminer ces photos qui feront peut-être un beau souvenir de voyages.

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Dans ce cas-ci, pleins feux sur les dunes Mesquite dans Death Valley.  Habituellement, la présence de végétaux nous permet de saisir l’échelle d’un lieu.  Or, dans le désert et des dunes par surcroît, les végétaux sont… rares.  Alors, j’ai profité de ces silhouettes dans mon cadrage.  En fait, je crois qu’elles ajoutent non seulement une information sur les lieux mais elles confèrent aussi une atmosphère d’isolation, de solitude, d’une lointaine présence.  La photo noir et blanc est souvent plus chargée d’émotions qu’une photo couleur, vous ne trouvez pas?

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Dans le cadre du paysage urbain, on s’y attend un peu plus mais l’inclusion d’une silhouette est parfois souhaitée pour, encore une fois, donner un sens des proportions et de l’échelle des éléments.  Dans ce cas-ci, l’inclusion d’un cycliste donne un peu de vie au jeu des formes que j’ai cadré en plongée. On est à mi-chemin dans le cas de cette photo du paysage urbain et de la photo de rue.

Et pour la vente?

Plusieurs parmi vous ambitionnez ou encore commercialisez déjà vos photos paysage. L’inclusion ou non de personnages à l’intérieur de vos cadrages est donc une décision d’importance et pourraient affecter – ou non – la portée commerciale de vos photos.

Pour ceux et celles qui visent d’abord et avant tout une publication sur les médias sociaux, l’inclusion de personnages humaines dans vos cadrages est une bonne chose.  Dans les médias sociaux, on aime se reconnaître, on aime se voir, on aime voir d’autres humains.   On aime affirmer que «j’étais là» ou, par ricochet, «d’autres personnes étaient là donc moi je pourrais également y être».  On se projette dans la situation et on se voit.  Ça permet de voyager via notre esprit à défaut d’y être en chair et en os.

Pour ceux qui cherchent à commercialiser leurs travaux, deux avenues sont possibles.  Si l’on vise un public qui pourrait commander des tirages pour afficher dans leur environnement résidentiel ou professionnel, l’inclusion de personnages n’est pas toujours souhaitable.  Du moins, rarement.  On préfère les paysages sans éléments distrayants.

Droits d'auteur

Toutefois, dans le domaine de la photo «stock» ou encore pour des clients spécifiques comme les parcs nationaux, les publications «voyage» ou des clients commerciaux, certains peuvent souhaiter des photos paysage avec des personnes humaines.  C’est plus vendeur qu’un paysage seul pour leurs fins commerciales.  Un parc national par exemple va apprécier être mis en valeur par une belle photo à l’intérieur de laquelle des personnes sont présentes et semblent apprécier le spectacle grandiose.

Si votre créneau de ventes est déjà identifié dans le domaine de la photo paysage, vous avez probablement déjà la réponse à la question quant à inclure ou non des personnages dans vos photos.  Si ce n’est pas le cas, dites-vous qu’une excellente photo, avec ou sans personnage humain, retiendra l’attention d’un éventuel client avec les efforts marketing appropriés.  Il faut alors cibler le ou les bons clients pour vos photos.

Conseil

Jusqu’à maintenant près de 150 articles ont été rédigés dans le cadre de ce blogue.  Voilà donc une quantité d’informations assez dense qui vous est proposée.  Comment vous y retrouver?  Je vous propose deux pistes.  Les articles sont archivés dans huit différentes catégories que vous retrouverez dans le menu à la droite de la page.  En cliquant sur une catégorie de votre choix, tous les articles liés à cette catégorie vous seront présentés. La 2e piste consiste à utiliser l’outil de recherche dans le haut du menu à la droite de la page. Pour chaque article, j’inscris des mots-clefs.  Le mot-clef «hiver» par exemple vous permettra de retrouver des articles avec des conseils pour réussir vos photos d’hiver, avoir soin de votre équipement suite à vos sorties en saison froide, faire en sorte que la neige paraisse blanche dans vos photos et non grisâtre, etc.  N’hésitez pas à utiliser l’outil recherche ou encore nos catégories d’articles, bonne découverte et bonne lecture!

J’espère que l’article d’aujourd’hui vous sera utile.  N’hésitez pas à commenter.  Vos mots sont importants et votre témoignage enrichit le propos de ce blogue.  Merci pour votre présence et bonne semaine photo.  

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7 commentaires pour L’échelle humaine et la photo

  1. 1idee dit :

    tres bon article pour parler d’une question que l’on se pose bien souvent devant un paysage! il est en plus appuyé par de superbes photos!! je suis plus réceptive à la présence humaine dans les photos en n&b, certainement pour ne pas perturber l’oeil avec les couleurs des vêtements, ou lorsque l’humain devient silhouette… merci pour ce partage et ce sujet de réflexion .. 😉

  2. Dominique-André dit :

    Bonjour Monsieur Louis et une excellente Année 2014 bien lumineuse pour vous. Tout à fait d’accord avec le commentaire précédent. L’inclusion de personnes permet de se rendre immédiatement de l’échelle de grandeur et sans forcément de distraction. Bel article et intéressant, merci ! … Quand au fait de trouver des belges dans le désert … no comment … lolll … à la semaine prochaine 😉

  3. Alain SERGE dit :

    Souvent, un petit détail change tout!

  4. Sylvain Lavoie dit :

    Excellentes photos et commentaires des plus pertinents! À première vue je n’avais pas remarqué la présence des personnes, et en effet je ne saisissais pas l’étendu, la grandeur du paysage. Ces personnes nous permettent de comprendre l’échelle de grandeur, sans distraction. Les photos sont magnifiques! Merci Louis.

    • Merci mon frérot pour ton commentaire et ta visite. Le paysage est tellement vaste et envahissant qu’on ne peut souvent, au simple et premier coup d’œil, en apprécier tous les détails. Mais les détails se révèlent peu à peu. Content que ça t’a plu. 🙂

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