Il est tentant. Il vous attire. Il capte votre attention et vous tend les bras. Vous êtes convaincu que si vous maîtrisez cet effet pratiqué par d’autres photographes, vous allez devenir un photographe de niveau supérieur. Vous n’êtes pas le seul. Seuls quelques-uns réalisaient des photos en HDR il y a quelques années. Aujourd’hui, tout le monde veut s’y prêter. Toutes ces photos avec le traitement Instagram? Vivement Instagram. Tous ces portraits saturés avec les halos aléatoires? Vivement un objectif 50mm F1.4 et on créé des beaux flous. L’attrait de l’effet nous interpelle comme un mirage. Et si l’essentiel était ailleurs?
Bon début de semaine à vous tous et merci d’être à nouveau au rendez-vous. Peut-être est-ce l’approche de la St-Valentin qui m’inspire mais j’ai le goût d’aborder avec vous le piège de la tentation dans le domaine de la photo. Ô qu’elles sont nombreuses ces tentations: tentations perpétuelles pour du nouvel équipement – vous savez celui qui devrait nous rendre meilleur sans qu’on aille vraiment à faire un effort. Tentation de faire des photos «tendance» parce que ces photos se méritent beaucoup de «j’aime» dans les médias sociaux. Puis la tentation de l’effet spécial parce que ça fait des photos différentes.
C’est une tentation à laquelle je dois faire attention car j’y suis vulnérable. Peut-être parce que je donne des cours photo et j’ai le sentiment que je dois, sinon maîtriser, du moins avoir pratiqué plusieurs styles photo de façon à pouvoir en parler en connaissance de cause.
Lorsque je vois une réalisation particulière qui m’emballe, voilà que je me fais un défi personnel d’être en mesure de «faire la même chose». Quand j’ai vu cette photo de Joe McNally dans son excellent livre, The Moment It Clicks (2008), j’ai toujours voulu être en mesure d’en faire autant. Comment avait-il fait? Était-ce un traitement particulier dans Photoshop? Une superposition de deux calques avec masque? Et moi qui ne maîtrise pas Photoshop, comment pouvais-je y parvenir? Toutes ces questions pour finalement lire que McNally avait réalisé cette photo directement dans son boîtier avec une double exposition et ce à l’époque de l’argentique! Si, si! Et que les Nikonistes pouvaient le faire avec leur boîtier numérique depuis plusieurs années! Croyez-le ou non, lorsque j’ai vu que le boîtier (Canon) que je convoitais pouvait faire de la double-exposition, ça été un des arguments qui concluaient mon magasinage et mon achat.
Malgré mon achat depuis un certain bout de temps, j’avais presque oublié la possibilité de cette fonctionnalité dans mon boîtier lorsque je suis tombé sur un article de blogue vantant les mérites de la démarche de Sara Byrne. J’étais soufflé par ses photos. En prime, elle a produit un tutoriel vidéo sur la façon de pouvoir produire des photos en double exposition grâce à mon modèle de boîtier.
Sitôt vu, voilà que je me lance dans l’expérimentation de la technique et de l’effet. Comme à l’habitude, ma chatte Pitchounette devint, à contre-coeur, une modèle pour faire mes premiers pas. La voilà, dans la photo du haut, devenue chatte globe-trotter. Expérimentation dit aussi accidents heureux parfois. Cette double exposition non-calculée réalisée à proximité d’une voie ferrée donne un effet trouble nous donnant l’impression que ce train s’engouffre dans un autre monde, une autre dimension.
Pendant plusieurs heures, j’ai exploré la technique et l’effet. J’ai cherché à trouver les meilleures combinaisons et exploiter les paramètres correctement. Mais je me suis essoufflé rapidement car d’importantes questions sont venues me hanter. Dans les photos que je suis en train de produire, qu’est-ce qui importe? L’effet? L’effet pour l’effet? L’effet peut être très puissant mais qu’est-ce que je cherche à exprimer? Quelle combinaison de photos pourrais-je exploiter pour produire des photos très fortes? Aussi forte que celle de Joe Mcnally qui m’a tant séduite lorsque je l’ai vu. Pourquoi l’ai-je trouvé forte? Parce que cette double exposition permettait d’illustrer de façon magnifique les deux côtés de la personnalité de Steve Martin, le comédien. Celui qu’on croit toujours comique mais qui devient si sérieux dès que la caméra s’éteint. Cette dualité a été merveilleusement bien servi par l’effet de la double exposition et les deux visages du comédien. On a droit ici à une photo qui a un propos, un propos très fort et non seulement un effet.
La photo double exposition a ses caractéristiques et certaines règles picturales que je vais d’abord m’appliquer à découvrir, respecter puis éventuellement peut-être transgresser. Une trop grande superposition d’éléments peut rendre le tout trop confus, trop dense. J’aime bien la photo ci-dessus avec cette rambarde qui met du relief à l’arrière-plan. Quelques éléments seulement d’une 2e photo viennent se greffer à la première. Plus intéressant sur le plan stylistique. Reste à voir aussi par contre le propos. Propos esthétique? Propos symbolique? Ce monde de la double exposition est une immense caverne d’Ali Baba pleine de possibilités à explorer, à maîtriser et à imaginer. Je vais m’appliquer à poursuivre mon exploration de cette caverne d’Ali Baba mais en ne négligeant jamais l’importance du propos et en laissant au loin les tentations du mirage de l’effet pour l’effet. Bien hâte de partager avec vous d’autres réalisations.
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On s’en tape des tendances et des effets spéciaux.
Photographiez avec un objectif fixe de 35 mm et c’est tout.
Vous deviendrez alors peut-être un excellent photographe.
Faut revenir à la grandeur, c’est-à-dire à l’essentiel.
Bon… faut aussi être capable de reconnaître cette grandeur !!!
Vous insistez trop sur la technique. Quand je vois des gens avec de longues focales, des zoom et qui en sont fiers (évidement), je leur demande d’abord de ne plus me montrer leurs photos médiocres. Ce sera le premier pas de l’apprentissage.
Quant au HDR, c’est la merde à la Rousset !!! Le pire photographe de sa région. En plus le mec, il s’y croit !!!
C’est formidable de voir quelqu’un qui détient tant de vérité. Merci de partager avec nous votre savoir avec tant de générosité et de considération.
on ne peut mieux dire
le problème est qu’il n’y en a pas des masses qui osent le dire : ça me fait penser à des gars dans les clubs photos déguisés en baroudeurs (ils s’y croient avec leur casquette et leur veste beige à multi poche) qui vous montrent leur dernier zoom ou objectif à la mode et à qui on dit et si tu nous montrais des photos de qualité. Leur tête ! Pan dans la chaumière.
et quand on dit certaines vérités on vous le reproche encore et qui vous le reproche ? des photographes de merde qui n »ont aucune culture photographique, aucune vision artistique mais qui vont vous photographier des trucs qu’on a déjà vu un million de fois et si possible en hdr super colorisé et kitsch car ce sont en fait de mauvais photographes.
Un bon exemple de photographe médiocre et pourtant sans Hdr est Lafforgue Eric, mais ça a du succès
pour Rousset on est d’accord aussi : de la daube
comme quoi avec du HDR ou non, on peut être mauvais hi hi hi
Encore un super article Louis, empli de sens et de conseils. Merci 🙂
Merci Vincent 🙂
Merci Louis Lavoie pour ce bel article. Il est très important en effet – sinon essentiel – de savoir précisément ce que l’on veut exprimer avec la double, ou triple exposition. En studio je m’y suis exercé pas mal de fois, sans toujours parvenir à reproduire l’image que j’avais dans la tête. Comme tout le reste, il faut faire, il faut s’acharner un peu jusqu’à ce qu’on réussisse. Mais comme toutes ces technqiues plus ou moins à la mode, je crois qu’il ne faut pas abuser, au risque de lasser le spectateur. Le HDR est un très bon exemple à cet égard. Alors vite, il faut retrouver le fil conducteur de sa propre photo et poursuivre son chemin. Merci Louis Lavoie de nous avoir rappelé tout cela.
Merci André pour ce témoignage. 🙂