Certains auront reconnu dans le titre les paroles d’une chanson d’Angèle Arsenault. «Y’a une étoile pour chacun de nous…». Nous étant qui? «Nous» étant, dans ce cas-ci, les photographes qui s’interrogent sur leur cheminement, leur vocation, leur passion ou passe-temps. Comment faire sa marque? Prendre sa place? Comment se démarquer du lot?
Si les questions sont nombreuses, l’expérience de la vie m’amène à penser que la réponse réside souvent et la plupart du temps à l’intérieur de nous. Plusieurs parviennent à se démarquer en s’intéressant et se passionnant pour un sujet spécifique, pour une technique. Ils explorent sans relâche ce sujet, quel qu’il soit. Même inusité, même inhabituel, même s’ils sont les seuls au monde à s’intéresser à la chose. Des vrais mordus.
Par ma part, je suis peut-être le seul à m’intéresser aux carrosses d’épicerie échoués…à la dérive…dans un décor où leur présence est incongrue. Bizarre comme intérêt? Voui! J’avoue. 😉 Mais lorsque l’occasion se présente, je capte l’objet égaré dans une composition et selon une perspective que j’essaie de rendre dynamiques. Je vous l’accorde, pas simple de rendre un panier d’épicerie intéressant!
Je vous propose un tour d’horizon de quelques photographes que j’ai eu la chance de rencontrer ou que je connais de réputation et qui m’ont emballé en raison d’un sujet spécifique ou d’une technique qui est devenu leur marque de commerce – l’expression étant utilisée ici dans son sens le plus large et non dans un sens commercial.
Bienvenue dans un monde de sujets inusités, originaux, différents. La preuve qu’il reste de la place dans le monde de la photographie pour votre sujet ou votre démarche. «Y’a une étoile pour chacun de nous…»
La passion des chats de ruelle

Photos: Joëlle Mercier
Nos animaux domestiques sont parmi les premières photos que l’on fait dès qu’on se procure un appareil. Consentants ou non, ils sont nos premiers «top modèles».
Comme plusieurs, Joëlle Mercier a une passion pour les chats…mais pas n’importe lesquels. Si la photographe a plusieurs cordes à son arc de même que de superbes réalisations, son projet «chats de ruelle» m’a fasciné.
Laissons-lui la parole pour nous en faire la présentation. «En 2004, alors que je m’adonnais à ma passion qu’est la photographie, je suis arrivée face à face avec un chat dans une ruelle… il marchait dans ma direction, il est venu jusqu’à moi puis, il m’a laissé prendre quelques photos de son joli minois pour enfin, repartir tout simplement… Ce fût un moment révélateur pour moi : une complicité s’était établie entre le chat et moi. Lors de mes prochaines sorties photo, pour mon unique plaisir, je suis allée parcourir les ruelles de Montréal à la recherche des chats qui s’y promènent afin de les photographier encore et encore. Puis un jour, ayant des centaines, voir même des milliers de photos de chats en compilation, j’ai eu l’idée de créer un projet : faire éditer un livre sur les chats de ruelles de Montréal et avec les profits engendrés par la vente de ceux-ci, réussir à amasser des fonds pour venir en aide aux chats abandonnés de ma ville. Les chats que je nomme « de ruelles » ne sont pas tous des chats abandonnés, certains ont une médaille, un foyer, un maître attentionné, mais d’autres n’ont pas cette chance et doivent se battre pour survivre et se nourrir…» (extrait de son site Web).
Projet fascinant, quête continue. Virée photo dans des ruelles – fois après fois après fois – à la recherche de ces chats qui se laissent ou non approcher et photographier. Il faut une sacrée passion, une grande détermination, beaucoup de patience à la poursuite d’un tel sujet. Un monde à découvrir sur le site de Joëlle Mercier dans la section «Projet chats de ruelle».
Le bandit de nuit

Photo: Gilles Boutin
Un bandit de nuit. Un photographe qui rôde la nuit, qui fait de la nuit son alliée. À l’aise dans les ténèbres. Qui planifie ses virées nocturnes. Et qui ressort avec de splendides photos.
Gilles Boutin se définit comme un photographe et un chasseur d’aurores boréales au Québec. Les aurores boréales sont une véritable passion pour lui. Il est prêt à parcourir des distances importantes pour saisir celles-ci. À force de les photographier, il les connaît comme pas un. Il a perfectionné sa technique pour bien les capter. Son site présente une synthèse des phénomènes scientifiques qui provoquent les aurores boréales. Intéressant de parcourir sa liste d’équipements photographiques et des conseils d’utilisation. Très instructif.
Vous aurez du plaisir à plonger dans sa galerie de photos. Avertissement, le plaisir croît avec l’usage. On ne peut faire autrement lorsqu’on plonge dans le monde d’un passionné, invité par surcroît comme conférencier dans les écoles , cégeps et ailleurs. Les aurores boréales sont un phénomène magnifique, spectaculaire. Les photos de Gilles Boutin leur rendent justice.
Les panos de Mario

Photo: Mario Groleau
La première fois que j’ai rencontré Mario Groleau a été à l’occasion d’une conférence qu’il donnait au Club photo Impression sur les panoramas polaires qu’il produits. Les photos qu’il projetait m’apparaissaient irréelles, renversantes et terriblement belles à la fois. Le photographe maîtrisait manifestement son sujet puisque les explications techniques sur la façon de produire ces panoramas polaires étaient précises et à la portée de tous et chacun.
Quel monde! Encore aujourd’hui, les panoramas polaires de Mario Groleau sont parmi les plus belles réalisations du prolifique photographe de la région de Trois-Rivières. À l’instar de ses conférences, le photographe est généreux de renseignements techniques et de suggestions de logiciels pour vous permettre vous aussi d’aborder le monde des panoramas polaires.
La passion d’une île
«Une image vaut m’île mots» affirme d’entrée de jeu René Bourque qui dit juste. Puisque chacune de ses photos vaut «m’île» mots, son site est une vaste encyclopédie qui traduit bien la beauté de l’île Anticosti, sa faune et sa flore.
«Chef guide sur l’Île Anticosti depuis plus de trente saisons, conseiller en chasse, pêche et villégiature pour la Sepaq et passionné de photographie, je suis le témoin privilégié de scènes et de moments inédits dont certains vous sont présentés sur ce site» écrit René Bourque sur son site Web. «Mon histoire d’amour avec l’île Anticosti débute en juillet 1974, l’année où le gouvernement du Québec achète l’île de la Consolated Bathurst. J’y suis engagé comme guide de chasse dans le secteur Mcdonald. Coureur des bois dans l’âme et originaire du Saguenay, je me suis tout de suite senti comme « un poisson dans l’eau » face à un tel paradis faunique. Le travail de guide à Anticosti m’est apparu comme le plus beau métier du monde et je le pense toujours.»
René connaît l’île comme le fond de sa poche. Ses moindres recoins., ses beautés cachées. Je sais que certains chevreuils l’ont adopté, et lui de même. «Ti-trou», «Frosty» et combien d’autres ont été autant «d’amis cervidés».
Au fil des années, il a perfectionné sa technique photo de même que le traitement dans la chambre numérique. Ses dernières galeries, soit le zoom sur la rivière Jupiter, la chasse aux chevreuils ou encore faune et paysages sont remarquables.
Ayant eu le plaisir d’y séjourner, je puis vous affirmer que l’île d’Anticosti est une destination extraordinaire pour tout photographe nature. Les photos de René Bourque sont l’oeuvre d’un passionné qui peaufine sans arrêt son sujet de prédilection. Elles sont aussi une carte d’invitation de grande qualité.
Conclusion
Joëlle Mercier, Gilles Boutin, Mario Groleau et René Bourque sont autant de photographes qui au gré de leur pratique photo ou encore en marge de celle-ci poursuivent des sujets spécifiques. Ils ont peaufiné leurs techniques photo en fonction de leurs sujets.
Votre oeil est constamment attiré par un sujet spécifique? Voilà l’appel de l’objectif 🙂 Plongez! Pour ma part…il me semble que j’ai vu un carrosse d’épicerie par là-bas….;-)
Cultivez-vous un sujet spécifique ou encore une technique spécifique? Merci de le partagez dans ce blog. Enrichissez mon propos avec vos commentaires. Avec vos mots, ce blog n’en deviendra que plus riche.
Note: Intéressé par un cours d’initiation à la photographie? Je donne une série d’ateliers en février et mars (2011) au Cégep régional de Lanaudière. Détails du cours dans l’une des pages de ce blog. Inscription en cours.