Que voulons-nous capter en photo? Quelle est notre vision? Comment choisissons-nous d’exprimer cette vision? Que laisse-t-on dans le cadre? Qu’est-ce qu’on élimine? Quels sont les éléments forts? Quel style photographique empruntons-nous pour exprimer cette vision? Vision, expression de cette vision, intention, style, des notions distinctes. Des éléments à personnaliser. Comment y arriver?
«IMAGINE»
(John Lennon)
À l’aube de 2011, on ne pouvait se douter des événements mondiaux qui allaient se produire. On ne pouvait se douter des événements non loin de chez nous qui sont survenus. On n’a pu imaginer certaines catastrophes. On n’a pu imaginer certains événements heureux. On n’a pu imaginer certains départs. On espérait de belles photos et on a été comblé.
Que sera 2012? Qu’il soit rempli de santé, de beaux moments, et de partage. Qu’il soit surtout habité par la conviction que nous pouvons (devons) contribuer pour faire un monde meilleur. Lennon y croyait. Nous pourrions le faire aussi…à notre façon. Merci d’être là…et merci du partage.
Qu’il m’est agréable de vous retrouver en 2012. J’espère que votre temps des Fêtes a été des plus agréables, autant personnellement que sur le plan photo. Si vous avez reçu (ou vous êtes payé) un nouvel accessoire photo, je suis convaincu que vous êtes impatient de vous en servir. C’est probablement chose déjà faite. Tant mieux. Pour ma part, plusieurs beaux moments photo dont je vous ferai part éventuellement.
Mais un élément a particulièrement retenu mon attention. Au hasard d’une virée dans une librairie, je suis tombé sur un bouquin dont le propos m’inspire énormément: «Photographically Speaking: A Deeper Look at Creating Stronger Images (Voices That Matter)» de David duChemin. Dès la lecture des premières pages, j’ai été subjugué par le propos de l’auteur. Un propos qui porte sur l’importance de l’expression de la vision d’un photographe, d’avoir des intentions au moment de photographier. Un livre qui nous éloigne de la manipulation des boutons, de l’utilisation des filtres ou encore des fonctions de logiciels. Prendre de bonnes photos reposent sur une vision et sur des intentions d’abord et avant tout. Voilà un propos de l’auteur qui nous étonne pas lorsqu’on apprend que ce photographe a une formation en…théologie. Voilà quelqu’un qui a creusé le sens des choses et qui l’applique dans sa pratique photographique. Je vais poursuivre ma lecture du livre et pour vous revenir éventuellement. Curieusement, ce propos est repris par une large partie des blogueurs photos que je lis, ceux-ci abordant cette notion de l’importance des intentions au moment de la prise de photo plutôt que d’aborder des notions techniques. Vrai que ces blogueurs (formateurs) ont tenus au cours de la dernière année des méga-événements de formation (500 à 1 000 personnes à la fois) axés sur des notions techniques. À un moment donné, il faut revenir à l’essentiel et le fait qu’une bonne photo ne repose pas uniquement sur un choix de plages ISO, de vitesse, d’ouverture, d’exposition et sur un traitement numérique approprié.
La 1ère image que j’ai voulu partager avec vous pour 2012 est en lien avec cette notion d’expression d’une vision et d’intentions. Oui, le piano et la partition évoque John Lennon et son «Imagine». Servons-nous de cette référence à cet artiste pour mieux comprendre les concepts. Lennon avait une vision d’un monde meilleur. L’expression de cette vision s’est faite par le truchement d’une chanson («Imagine») à l’intérieur de laquelle il a choisi certains mots et pas d’autres pour exprimer son message. Il a «composé» son texte pour choisir les éléments les plus forts. Il a choisi de privilégier le mot «Imagine» plutôt qu’un autre. Il y a tellement de mots dans une langue et pourtant, il a choisi celui-là. Il a ensuite composé une musique qui collait bien à son style musical. L’enregistrement de la chanson collait à son style. On a enregistré avec tels instruments plutôt que d’autres. Les mêmes étapes surviennent dans notre cheminement pour prendre une photo. Que voulons-nous capter en photo? Quelle est notre vision? Comment choisissons-nous d’exprimer cette vision? Que laisse-t-on dans le cadre? Qu’est-ce qu’on élimine? Quels sont les éléments forts? Finalement, quel style photographique empruntons-nous pour exprimer cette vision, non seulement au moment de la prise mais également dans le traitement numérique? Ce n’est pas évident de trouver les mots pour identifier notre vision. Il est plus aisé de parler de nos intentions quand nous prenons une photo. Les mots risquent à nouveau de nous manquer si nous voulons définir notre style. Vision, expression de cette vision, intention, style, des notions distinctes. Des éléments à personnaliser. Comment y arriver?
1. Se donner un projet

Photo: Laura Balc
L’année vient juste de débuter, il n’est pas trop tard pour vous donner un projet pour la prochaine année. C’est en forgeant qu’on devient forgeron dit le dicton, c’est en photographiant – avec une intention! – qu’on devient photographe.
Des idées pour un projet photo? Les seules limites sont celles de votre imagination. Ces temps-ci, je vois plusieurs projets qui s’amorcent. J’ai vu des appels pour des photographes qui voudraient partir un «52» – une photo par semaine pour les 52 prochaines semaines. Certains fanas plongent dans l’aventure d’un «365» – une photo par jour. On développe certainement son style, ses intentions et, éventuellement, sa vision en faisant une photo par jour. Vous pourriez échanger avec l’excellent photographe Nicholas Paquet tout en visionnant son album résultant d’un 365. Un vrai marathon de créativité et de débrouillardise.
Les projets peuvent aussi être plus simples. L’excellente photographe roumaine Laura Balc qui excelle dans les portraits vient de partir un nouveau projet intitulé «Faces, faces everywhere» où elle demande à ses modèles et amies de faire des grimaces à la caméra. Le résultat est déjà très sympathique. C’est un projet tout simple et pourtant très différent de ses splendides portraits.
Pourquoi ne pas vous engager dans une démarche pour prendre 12 photos de votre coin de pays au cours de la prochaine année – 1 photo par mois. Le projet semble simple et pourtant il va vous demander de choisir douze lieux distincts (préparation). Il va vous demander de planifier les moments ou saisons les plus appropriés pour un lieu ou un autre (préparation). Il va vous demander de planifier les moments du jour (ou de la soirée ou nuit) les plus propices pour bien faire ressortir les lieux retenus (préparation). Vous voyez, le projet est simple dans son intention: prendre douze photos de mon coin de pays pour illustrer une facette ou une autre de celui-ci. Quelle est votre vision de ces douze lieux? Et quel style allez-vous emprunter pour faire passer votre vision? Rien de tel que de se doter d’un projet pour passer du concept à la réalité, de la théorie à la pratique. Pendant vos réflexions de préparation, vous allez «voir» vos photos dans votre tête. Si vous voyez vos photos avant de les capter, c’est déjà une grande étape de franchie. Vous commencez à faire des photos plutôt qu’à prendre des photos.
2. À la manière de…
C’est paradoxal mais c’est souvent en examinant minutieusement le travail d’autres photographes, en examinant leur style qu’on parvient à trouver notre propre démarche. J’adore des photos architecturales comme celles réalisées par un photographe des Pays-Bas, Kees Smans. J’aime les noirs profonds, l’impact dramatique et l’opposition entre le métallique (ou les matériaux) et la fluidité dans le ciel créée par la longue exposition. Ce photographe me donne le goût de sortir mon appareil photo et d’essayer des propositions photographiques «à sa manière». Avec le temps et la maîtrise qui viendra peu à peu autant dans la prise photo que dans le traitement, «sa» manière deviendra mienne et je pourrai l’adapter à des situations photo plus proches de ma réalité, de «mes intentions» et de «ma vision».

Photo: Henri Cartier-Bresson
Rendu à ce stade-ci de mon article, j’en entends quelques-uns se faire la réflexion: «Mais moi, je fais de la photo spontanée», ce qui fait qu’on souhaite délaisser le côté recherche et préparation. Même si on affirme faire de la «street photography» (photo de rue), la spontanéité est un geste souvent bien calculé. Il est connu qu’Henri Cartier-Bresson pouvait patienter pendant longues minutes à un endroit bien ciblé pour attendre qu’un passant pose le geste souhaité. Certains se souviendront des reflets dans les vitrines savamment calculés par Pierre-Elie de Pibrac. L’expression anglaise «no pain, no gain» (il faut trimer dur pour récolter) a sa raison d’être, même en photo.
Faire des choses «à la manière de» n’est pas un crime pourvu que vous en êtes conscient et que cela ne vous empêche pas de développer votre propre vision photographique.
Cet article vous a-t-il été utile? Avez-vous d’autres trucs à partager pour développer votre style? Avez-vous des projets en cours ou des idées de projet à partager? Êtes-vous à la recherche de collaborateurs? N’hésitez pas à me faire part de votre commentaire.
Salut Louis
Ma vision consiste
A regarder
A apprendre de ce que je perçois
A étudier d’autres façons de voir
Et a refléter la lumière divine
Merci pour ton Blog sur word press
Guy
Merci Guy. Tu es une merveilleuse source d’inspiration et de motivation. Merci pour le partage.