Osez…pour faire de la belle photo

Jeune moine à KarshaOn part à l’étranger.  Un pays où l’on ne maîtrise pas la langue locale.  Comment communiquerons-nous avec les locaux?  Comment réussirons-nous à passer du stade de l’observation des locaux à un véritable échange?  Comment faire?  Comment surmonter notre gêne d’autant plus que nous avons à l’esprit de beaux portraits à faire avec les résidents?  Reviendrons-nous encore une fois avec des photos «volées» ou celles-ci seront-elles plus «vraies»?  Devrions-nous monnayer les photos prises auprès de «personnages locaux» qui gagnent leur vie justement à «poser» pour les touristes?  Avec le temps, avec de nombreuses expéditions dans la région du plateau tibétain, j’ai trouvé mes réponses et tout est merveilleusement tombé en place au Zanskar. 

Mains

Osez…pour faire de la belle photo

Les réponses aux questions que j’ai posées ci-haut ne sont pas venues spontanément.  Les réponses que j’ai aujourd’hui ne sont pas celles qui m’habitaient il y a une douzaine d’années.  Les réponses que j’avais à l’esprit pour mon récent voyage au Zanskar et ma détermination n’étaient certainement pas celles d’antan.

Mon premier voyage au Ladakh en Inde du nord, sur le plateau tibétain, a eu lieu en 2001.  Même si j’avais voyagé plusieurs fois en Europe, il s’agissait de mon premier voyage en Asie sur le plateau tibétain.  Avant de faire ce voyage, j’étais loin de me douter que j’allais m’amouracher de ce plateau tibétain.  J’étais loin de me tomber que j’y reviendrais – tantôt du côté népalais (Dolpo), tantôt via le Zanskar.  Entre temps, il y avait eu l’Amérique du Sud (Bolivie à deux reprises), la Mongolie et la Chine.

L'amiDouze ans se sont écoulés entre mes voyages au Ladakh.  Lors de mes premiers voyages, j’ai pu observer les habitants locaux, j’ai pu les apprécier.  Mais mon contact a été timide, distant même.  Le fait de voyager dans un groupe – assez souvent de six à dix personnes – ne permettait souvent pas d’être en contact avec les locaux.

Cette fois-ci, c’était différent – comme l’avant-dernière fois d’ailleurs (Dolpo).  Le fait de voyager seul avec mon chum de voyages d’aventure nous permettait d’être plus disponibles, plus ouverts.  Lorsqu’on est deux occidentaux, c’est moins intimidant pour les locaux qu’un groupe de 8, 9 ou 12.  C’est plus facile – lorsque notre compagnon de voyage explore de son côté – d’approcher un résident local pour échanger.

L'invitation pour le théJe m’étais également fait la promesse de ne pas «voler» de photo, c’est-à-dire de faire des photos des locaux sans obtenir leur consentement.  Il est vrai que j’ai appris à connaître les us et coutumes des résidents du plateau tibétain, de leur philosophie bouddhiste, leur générosité et leur ouverture.  Armé de cette connaissance, armé de mes expériences passées mais surtout de cette résolution à «vivre des rencontres», je me suis résolu pour toute la durée de mon voyage au Ladakh à ne faire des photos que des gens dont j’aurais obtenu la permission de les photographier.  Cette permission s’est obtenue d’abord et avant tout après avoir pris le temps pour faire leur connaissance, pour échanger, pour se rapprocher.  Échanger comment?  Comment pouvais-je échanger alors que je ne maîtrise pas leur langue?  Qu’importe.  Ça commençait avec une poignée de mains – et non pas une seule main mais les deux.  Surtout avec les moines.  On sert une seule main lorsqu’on fait la connaissance de quelqu’un.  Mais lorsqu’on sert à deux mains, on vient dire: «Ça fait longtemps qu’on s’est vu non?  Ça me fait plaisir de te retrouver.  Je te salue…l’ami», le tout accompagné d’un long regard souriant.  Et les habitants étaient sensibles à mon approche.  Ça marchait…ou ça ne marchait pas…mais je n’ai pas rencontré quelqu’un là-bas avec qui ça n’a pas fonctionné. 🙂

Le moine cuisinierPuis, je m’intéressais à la personne, à son métier, à ce qu’il était en train de faire.  On peut parler…ou non.  L’essentiel n’était pas de prendre sa photo.  Pas pour le moment.  Ou peut-être jamais.  L’essentiel était de vivre la rencontre.  À un moment donné, je lui montrais mon appareil photo et lui faisais signe.  Je peux?  Tu veux?  Le petit hochement de tête ladakhien (et tibétain) venait rapidement.  Ce hochement ressemble beaucoup à notre hochement qui veut dire «je ne sais pas».  Heureusement, on aura appris dans nos premiers voyages l’interprétation de ce hochement selon le code ladakhien qui dans les faits veut dire «oui». 🙂  Je prenais alors quelques photos et surtout, puisque j’avais le consentement de la personne, je n’hésitais pas à lui donner quelques consignes pour mieux profiter avec la lumière ambiante.  Voilà pourquoi mes photos m’apparaissent de meilleure qualité que des photos «volées» – celles-là même qu’on regarde en se disant qu’elles seraient plus réussies si on avait pu…..  Faire le portrait de quelqu’un dont on a eu le consentement nous donne des marges de manoeuvre essentielles comme photographe.

Le moine et les fleursRésultat?  De magnifiques rencontres.  Si généreuses.  Même dans le silence.  Dans le regard.  Dans les poignées de main.  Dans la curiosité de l’autre.  Dans l’examen des vêtements, de sa demeure.  L’ai-je dit?  L’échange, non seulement menait vers une photo, mais plus souvent qu’autrement, nous avions droit à une invitation pour aller prendre le thé chez la personne.  On nous proposait souvent un thé au beurre mais je déclinais poliment en acceptant davantage un thé noir.  Un thé au beurre?  J’indiquais que mon médecin me l’interdisait. 😉  La remarque faisait rire bien souvent.  Et le taux de cholestérol que je m’applique rigoureusement à contrôler m’en suis reconnaissant. 🙂  Et la rencontre se poursuivait.  Les sourires.  Et la bonne humeur.

Merci.  Merci l’ami.

Au terme de mon voyage, un constat s’est imposé à moi.  Un besoin en fait.  Le fait de remercier tous ces gens sur le plateau tibétain et ailleurs en Asie que j’ai eu le plaisir de côtoyer et qui m’ont ouvert les bras si généreusement.  J’ai le sentiment de ne pas l’avoir fait suffisamment, ou trop timidement.  Les dernières rencontres ont été trop belles, trop généreuses pour rester sans lendemains.  Un vidéo s’imposait avec un propos plus personnel que ce que je vous propose habituellement.  Il résume ce que je viens de vous écrire, ma voix et – j’espère bien – les émotions en sus.

Je ne néglige pas pour autant pour vous dire les amis, «merci pour votre présence et votre appui pour ce blogue.» Si vous aimez mes photos du Zanskar, vous pouvez commander des tirages via mon site sur Smugmug.  Pour connaître les meilleures adresses à Leh, Kathmandhu, Delhi, Ulaan Bator ou ailleurs, TripAdvisor est à mon avis la meilleure ressource.  Vous pourrez d’ailleurs y lire certains avis que j’ai affichés sur de bonnes adresses.

Voilà un mot que je ne t’ai pas suffisamment dit.  Pas assez souvent.  Sûrement pas à la hauteur de ce que tu mérites ou plutôt de ce que tu aurais du entendre.
Merci l’ami pour toutes ces fois où je suis allé te visiter et que tu m’as ouvert les bras.  Si généreusement.  Si chaleureusement.

J’étais un étranger pour toi et pourtant tu m’as accueilli souvent comme si on s’était quitté la veille…ou l’avant-veille.  Cette fois-ci encore, on se rencontrait pour une 1ère fois et pourtant, on se serrait les mains comme on se retrouvait après une trop long hiver zanskarien.  Il est long l’hiver au Zanskar et c’est trop long tous ces mois sans pouvoir se voir.

Bien souvent, j’ai fait ta connaissance pour la première fois et pourtant, on se serrait non pas une seule main mais les deux – un regard long et profond accompagnant notre geste.  J’avais mes 54 ans et toi tes 30, 40, 50 ou 60 ans.  Chacun à notre bout du monde, nous avions un parcours semblable mais différent.  Chacun à notre bout du monde, nous avions un quotidien en rien pareil et pourtant, lorsqu’on se rencontrait, on s’accueillait mutuellement et on partait à la découverte.  Tu m’as laissé te découvrir.  J’ai accepté de répondre à tes questions gênées.  Tu as accueilli ma curiosité.  Tu as accepté que je prenne des photos de toi sans rien me demander, sans rien n’attendre parce que c’était comme ça.  Parce que tu acceptais de donner.  Encore.  Parce que donner, c’est naturel.  Ça fait parti de la vie bouddhiste.

Merci, merci l’ami.  Je t’ai rencontré en Mongolie, en Chine, au Népal, au Ladakh et au Zanskar.  Je ne t’ai jamais assez remercié malgré toutes ces visites.  Lors de mes premières visites, je pensais que je t’apportais quelque chose.  J’ai vite réalisé que c’est toi qui m’a instruit.  Je n’ai rien à te montrer.  Ou si peu.

Au Zanskar tu m’as montré ta sagesse «à ne pas demander à la vie et au pays plus qu’ils ne peuvent donner» (Charles Genoud, Philippe Chabloz, Ladakh – Zanskar: 22 Itinéraires de Trekking, Éditions Olizane).  Tu te contentes de ce que tu as.  Tu es heureux de ce que la terre te rapporte.  Et tu es heureux de me voir, de me rencontrer.  Et tu m’offres de prendre le thé avec toi.  Entre tout cela, il y a une photo…ou peut-être pas.  L’essentiel était ailleurs.

Merci l’ami.  Te l’ai-je dit?

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4 commentaires pour Osez…pour faire de la belle photo

  1. opalegrimoire dit :

    Un très bel article, j’ai eu du plaisir à le lire puisqu’il traite en somme de ce que j’aimerais faire – et pour cela, je t’envie ! Les photos sont vraiment superbes, félicitations 🙂
    https://zenuchi.wordpress.com/

    • Merci, très apprécié. 🙂

      Louis Lavoie

      Mon dernier article:Quel est votre regard sur notre monde? Read more| My blog     Get this email app!   Want a signature like mine? Click here.   ________________________________

  2. Sylvain Lavoie dit :

    Quand tu as « Rencontré » ces gens, j’imagine qu’ils/elles se sont dit: « Ah, ils sont comme ça les Canadiens … » Quelle responsabilité. Et LE portrait qu’on tire de tes renconctres, c’est: « Eh bien, ils sont chaleureux ces tibétains, dans des pays si froids …  » Quel édifiant témoignage d’humanité, de sensibilité, de respect mutuel. Impossible sans une grande générosité. Et tant mieux si les mots ne suffisent pas; c’est pour cela qu’on sourit, et qu’on verse des larmes. Merci Louis, merci l’ami.

    • Merci Sylvain pour ce beau (et touchant) commentaire. C’est vrai – et tu le sais – combien parfois les mots sont inutiles lorsque les yeux parlent, lorsque l’attitude est sincère. Pas besoin d’être ailleurs pour le vivre. 🙂

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