Plus on est attiré par la photo, plus nos besoins – ou désirs – en équipement prennent de l’importance. Tous ces équipements ne sont peut-être pas nécessaires mais…un jour ou l’autre…on se dit que si on avait telle lentille, ou ce fisheye, ou encore cette commande à distance, nos possibilités photo prendraient leur envol. Remarquez que nous n’avons pas tellement besoin de nous forcer pour avoir cette impression, les publicités des manufacturiers et fabriquants nous en mettant plein la vue. Un nouveau modèle de boîtier sur le marché? Un must! même si celui qu’on a entre les mains n’a pas encore atteint 5 000 déclenchements (alors que sa durée de vie estimée est prévue pour 50 000 déclenchements).
Avec toutes nos envies qui s’additionnent, le portefeuille risque d’en prendre un coup, voire même de ne pas être en mesure de mettre la main sur l’objet convoité. Pourquoi ne pas alors envisager le marché de l’usagé? Voici quelques trucs, pistes, conseils et outils qui pourront vous aider à faire vos premiers pas dans le domaine. Une impression de vous aventurer dans un bric-à-brac? L’aventure n’est certainement pas aussi risqué que ça peut paraître à première vue.
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J’ai probablement fait une trentaine de transactions dans le domaine de l’usagé photo au cours des dernières années. J’ai vendu et j’ai acheté. À 95%, l’expérience a été agréable puisque ça m’a permis de rencontrer d’autres photographes désireux de parler photo, d’échanger des informations. Le 5% restant? Une personne un peu trop déraisonnable dans sa négociation. Un moment un peu désagréable sur la trentaine. Pas pire non?
Mes transactions? Toutes les lentilles que j’utilise actuellement, sauf deux, sont des lentilles usagées. Trois d’entre elles sont des lentilles professionnelles achetées usagé. Sur trois flashs portatifs, deux sont usagés. Le contrôleur à distance des flash est usagé. Un de mes boîtiers a été acheté usagé de même qu’un appareil compact. J’ai également vendu à plusieurs reprises et puis j’aide régulièrement certaines connaissances à dénicher de bonnes occasions.
Pourquoi privilégier l’achat d’équipements usagés? Des raisons économiques certes mais aussi le fait de faire circuler les biens entre citoyens. Les transactions entre des citoyens en confiance sont toujours légitimes. Comment faire confiance pour ces transactions? Voici quelques éléments pour bien se préparer.
Connaître
Que recherchez-vous? Que voulez-vous? Quelles sont les caractéristiques de ce que vous recherchez? Voilà votre responsabilité première. Ne venez pas blâmer un vendeur éventuel si vous n’avez pas pris le temps de bien faire vos recherches. Si vous ne l’avez pas lu, je vous invite à prendre connaissance de mon article «Mes indispensables» publié il y a quelques semaines. Pour votre magasinage, n’hésitez pas à bien vous documenter sur le matériel recherché, que ce soit via Digital Photography Review, FredMiranda, BobAtkins ou l’excellent site DXOmark qui vous permet de connaître les meilleures combinaisons boîtier-lentilles. Avoir la connaissance du produit vous permet d’être rassuré sur votre choix. À cette liste, j’ajouterais le site «Camera Shutter Life Database» qui, à la lueur des déclarations des internautes, indique à combien de déclenchements leur boîtier a cessé de fonctionner.
Où?
Où magasiner pour de l’usagé? Internet bien entendu. Vous connaissez les sites classiques. La section «photos» sur les Pac.com, Kijiji, Craig’s List ou encore Ebay.ca. Chacun des endroits possède un moteur de recherche vous permettant de cibler l’équipement recherché.
Conseil pratico-pratique. Dans mes achats, je ne verse pas dans les actes de foi. Je souhaite manipuler l’équipement, examiner les lentilles, prendre quelques photos avec la lentille ou le boîtier convoité pour en vérifier le bon fonctionnement. Par conséquent, je m’assure de repérer des offres où une rencontre est envisageable pour le vendeur et pour l’acheteur…à moins que vous soyez convaincu que l’aubaine du siècle que vous avez dénichée justifie seize heures de voiture aller-retour! (euh…je peux vous en parler, l’ayant déjà fait!…mais pas pour un équipement photo;-)))
Les pièges…quels pièges?
Une saine dose de méfiance est bonne conseillère mais la paranoïa moins. Il est naturel qu’un vendeur souhaite bien faire paraître son produit. Je rigole toujours un peu lorsque je lis que tel ou tel boîtier n’a que 5 114 déclenchements. On dirait que c’est un chiffre magique que tout le monde reprend. Dans les faits, peu de photographes connaissent véritablement le nombre de déclenchements de leur appareil. Posez la question au vendeur sur le logiciel qu’il utilise pour connaître le chiffre qu’il avance. De votre côté, pourquoi ne pas faire des recherches pour obtenir un logiciel permettant de lire le nombre de déclenchements du boîtier recherché. Si vous avez un ordinateur portable, vous pourrez l’amener et soumettre le boîtier à son analyse. Pour les «Canonistes», le logiciel Shuttercount est un bon outil.
D’autres questions sont à poser au téléphone préalablement à une rencontre. Quel type d’utilisation faisait-il de son équipement? Photo sportive? Mariage? Nature? Quelle est la condition de l’équipement? Déjà dans les réponses apportées à ces questions, vous trouverez vos points de repère avec le vendeur. Pratique-t-il le même genre de photos que vous? Pourquoi change-t-il? Qu’est-ce qui fonctionnait bien avec son équipement pour ce type de photo? Qu’est-ce qui fonctionnait moins bien? Dans la générosité des réponses ou encore dans les explications vagues, vous pourrez avoir une idée de l’attention et du soin qu’apporte le vendeur à son équipement. Si le vendeur a encore une copie de la facture d’achat, voilà un indicateur. Toutefois, il faut être conscient que la garantie d’achat n’est pas toujours transférable au nouvel acheteur. Mieux vaut se renseigner.
Quant à ceux qui nous offrent de voir sur le Web des photos prises avec l’équipement à vendre, c’est sympathique mais…que pouvons-nous conclure d’examiner des photos sur un écran d’ordinateur avec une résolution de 72 dpi? Pas beaucoup.
How much?
Quel est le juste prix à payer pour l’équipement visé? Les avocats, courtiers, agents d’immeuble vous diront que le juste prix est celui que vous acceptez de payer. Ils n’ont pas tort. En général, l’usagé est intéressant car l’acheteur initial aura dans son achat absorbé les taxes de vente et sera habituellement prêt à vendre son équipement, particulièrement les lentilles, généralement 30% moins cher que le prix de vente qu’il a payé ou le prix de vente en cours dans les magasins au moment de sa mise en vente. La différence entre les deux notions de prix de vente est importante car le coût des équipements a sérieusement grimpé en flèche au cours des dernières années, gracieuseté d’un yen assez vigoureux. Certaines lentilles neuves se vendent 200$ de plus (voire plus) qu’il y a quelques années. Le prix de vente peut varier beaucoup plus pour ce qui est des boîtiers. Ceux-ci dévaluent rapidement selon leur génération. Si on convoite un boîtier qui vient d’être remplacé par un nouveau modèle, on peut s’attendre à du 30% d’économie. Par contre, si le boîtier en est un de 3e génération, le prix de vente peut avoisiner 50% et ainsi de suite pour des boîtiers encore plus vieux. Il y a des boîtiers semi-pro sur le marché de l’usagé et qui feraient d’excellents boîtiers pour des amateurs (je pense ici au Canon 40D par exemple) pour peu que ceux-ci ne recherchent pas des fonctionnalités pour faire du vidéo HD.
De toute façon, il vous revient d’identifier votre zone de confort et de savoir à quel prix vous souhaitez faire l’achat. N’en faites toutefois pas une obsession. La beauté de l’achat d’une lentille usagé et de bonne qualité est le fait qu’elle ne perdra plus de valeur suite à cette première vente. Vous pourrez toujours la revendre par la suite et généralement au même montant que l’achat que vous venez de faire, en présumant bien entendu que vous ferez attention à l’équipement en question.
Le grand moment
Le moment de la rencontre est arrivé. Essayez l’équipement en question. Examinez-le. Pour une lentille, scrutez minutieusement le verre de la lentille pour y déceler égratignures ou encore poussières logées sous le verre. Essayez celle-ci avec votre boîtier, pas celui du vendeur. L’auto-focus réagit bien? Cool. Prenez une photo sur fond blanc et n’hésitez pas à agrandir l’image sur votre écran arrière et parcourez celle-ci pour y déceler quelconques anomalies.
Pour un boîtier, amenez une carte mémoire (à moins que le vendeur l’ajoutait à la transaction) et prenez quelques photos. Encore une fois, une image d’un fond blanc vous permettra de voir si le capteur a beaucoup de poussières ou est abîmé. Si vous êtes en mesure de valider le nombre de déclenchements, tant mieux. Un flash portatif vous permettra de savoir si le «hotshoe» du boîtier est bien fonctionnel. Un certain nombre d’accessoires doit être joint à l’appareil lors de la vente – sans négliger le précieux manuel d’instructions!
Courage
Vous prenez beaucoup de soin de votre équipement? D’autres photographes le font également. Lorsqu’on magasine dans le domaine de l’équipement photo, on constate qu’on a affaire à d’autres passionnés, tout autant que nous. L’achat ou la vente d’équipements usagés offre la possibilité de faire des rencontres sympathiques et de faire une transaction entre intéressés. Au bout du compte, vous aurez un nouvel équipement que vous recherchiez et qui vous permettra des moments de plaisir à une fraction du prix en magasin.
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