En ces temps troubles, peut-on faire une différence avec nos photos? Le pouvoir de l’image est plus à faire. Y’a des photos qui peuvent antagoniser, nous opposer, nous diviser. D’autres photos nous font voyager et nous amènent ailleurs. Certaines nous apaisent, nous réconfortent ou apportent un peu d’espoir. D’autres nous font réfléchir. En ces temps troubles, est-il envisageable que nous puissions photographier des éléments qui nous rassemble plutôt que démontrer ce qui nous distingue? Est-ce possible? Et si oui, ce serait quoi?
Bon début de semaine à vous et merci d’être notre rendez-vous. Cette semaine, je reste dans le billet d’humeur puisque ça demeure d’actualité. Pour dire franchement, j’ai aussi besoin de votre éclairage, de votre opinion sur le sujet que j’aborde aujourd’hui. J’aimerais bien lire votre vision sur celui-ci.
Plusieurs ont pris le temps de prendre connaissance du défi photo et de communications que j’ai choisi de relever au cours des prochains mois et je les en remercie. En ce moment, je réfléchis au mandat que j’aurai à relever, aux événements qui se bousculent ailleurs sur la planète, au ton monte chez nous quant à l’accueil d’éventuels réfugiés syriens. Avec tous ces éléments, je suis à considérer l’acte de photographier sous l’angle de son potentiel d’affirmation. Si souvent par le passé je vous ai entretenu sur la nécessité souvent de raconter des histoires avec nos photos, donc le potentiel expressif, aujourd’hui c’est le potentiel de dire, de démontrer, que je considère qu’il faille envisager.
Je suis assez désolé de constater et de lire à quel point plusieurs de mes compatriotes sont réfractaires à l’accueil de réfugiés. D’accord, on peut être sensible à certaines appréhensions, certaines craintes quoique pour ma part je crains davantage le manque de planification des gouvernements impliqués dans le dossier. Les craintes exprimées sur les réfugiées sont les appréhensions habituelles devant l’inconnu. Qui sont-ils? Représenteront-ils une menace à notre sécurité? À nos valeurs? Vont-ils s’intégrer? Autant de questionnements que d’aucuns peuvent qualifier de légitimes mais qui sont suscité par des informations/opinions qui portent davantage sur ce qui nous distingue de ces réfugiés que sur ce qui nous rassemble et ressemble.
Lorsqu’on va ailleurs, dans un autre pays, sur un autre continent, on est porté à capter des photos « exotiques » c’est-à-dire ce qui appartient à un pays étranger, lointain, différent. On photographie la différence parce qu’on est attiré par la différence. On ne veut pas photographier ce qui s’apparente à notre chez-soi. L’architecture est différente, les vêtements sont différents. Et certes, le grand classique, la bouffe sera probablement différente. C’est vrai. Mais l’acte de préparer cette bouffe, de la manger, souvent en famille ou entre amis reste le même geste universel.
Qu’est-ce que l’universel? Comment capter des photos démontrant des ressemblances plutôt que des distinctions? Comment faire en sorte qu’on observe chez « l’autre » un dénominateur commun qui nous unit et nous amène à se rapprocher? Les mains de cette tibétaine d’un âge certain qui viennent manipuler de la farine s’apparentent à celles de ma grand-mère et de ma mère et à combien d’autres femmes dans toutes les sociétés. L’intérêt que nous avons sur la nourriture et sa préparation m’apparaît comme étant… humain. Ces mains ne sont pas uniquement celles de cette femme tibétaine mais celles de combien de millions de femmes?
Je n’ai pas visité un seul pays où les enfants ne voulaient pas qu’on leur donne à manger, qu’on les gâte à l’occasion, qu’on leur offre une maison, un abri, un endroit où ils se sentiraient en sécurité. Ce besoin de sécurité chez l’enfant a été amplement étudié et démontré. Que ce soit pour les nôtres, ceux d’autres familles, ici ou ailleurs. En retour, ces enfants apporteront joies et parfois tourments aux parents. J’ai à l’esprit un échange avec un homme de mon âge en Mongolie. Même si nous ne parlions pas le même langage, je lui ai demandé (par geste) s’il avait des enfants et l’âge approximatif de ceux-ci. Lorsque j’ai compris qu’il avait un adolescent et devant mon air légèrement interrogatif, il s’est lancé dans une tirade qui en disait long. Un ado, c’est un ado et ça fait parfois rager le parent. Ça, ça semble aussi universel. 😉
Dans la photo ci-contre, le moment m’apparaît être aussi universel que banal. Dans bien des pays du monde, dans la mesure où l’école est une possibilité pour les enfants, il n’y a pas de geste plus répandu que celui d’un parent allant conduire son enfant à l’école. Certains parents et enfants y vont à pied, d’autres en voiture. Certains parents attendent avec l’enfant l’arrivée d’un autobus scolaire lorsque le trajet est trop important. Mais plusieurs fois par semaine, un peu partout dans le monde, les parents de toutes nationalités confient leur enfant aux besoins de l’école. Pourquoi le font-ils? Peut-être que certains le font parce qu’ils y sont contraints par leur loi nationale. Mais plus encore, parce qu’ils ont à coeur l’avenir et le devenir de leur enfant. Est-ce que c’est quelque chose qui nous ressemble ou qui nous distingue et nous distance? J’ose pencher en faveur de la 1ère option.
Et les enfants ne demandent-ils pas mieux que de pouvoir s’amuser, quelque soit leur langue, leurs origines. Il me semble que dans tous les pays que j’ai visités, j’ai toujours vu ce dénominateur commun. Ils s’amusent, certes pas dans les mêmes conditions, mais ils s’amusent. Dans une récente caricature, un père demandait à sa fille combien il y avait d’étrangers à son école. L’enfant lui répondit: «J’ai pas vu d’étrangers. Juste des enfants.»
Comment arriver à créer ces traits d’union? À trouver ces points communs? Est-ce vain? Et même si on croit – comme photographe – en faire la démonstration, le véritable pouvoir d’interprétation des photos ne réside-t-il pas chez le lecteur uniquement?
Qu’en pensez-vous? Quelles sont ces photos qui peuvent rassembler? Vos mots sont importants et votre éclairage tout autant. Merci de prendre le temps de commenter.
Bravo. Toutes les civilisations font des gestes identiques …jouer enfants, manger, dormir, rêver…et c’est lorsque les conditions de vie sont précaires, sans vision d un avenir egalitaire, ou bien trahies par des manipulateurs! à des fins personnelles même si les fins semblent servir un groupe le groupe reste composé d individus soit désorientés soit intéressés….alors les comportements se radicalisent, mais si nous sommes dans le partage dans le respect des similitudes que nous portons tous comme tu le dis si bien alors nos quelques différences deviennent charmantes, exotiques et nous éveillent à une curiosité la plus positive. Le replis, la zone géographique propice aux voyages se restreint de plus en plus avec des conflits nouveaux. …résultats à craindre : comment faire connaissance entre humains de chaque bout de la planète? Du coup là ou l étranger en voyage devenait un nouvel ami, il ne subsistera qu’ un inconnu étranger avec tous les à prioris qud suscite l inconnu! Apprenons à nous connaître et faisons fi des risques de qques personnes s infiltrant parmi des gens qui souffrent comme nous pourrions souffrir à leurs places. J ai voyagé et j ai partagé des larmes aux moments des séparations avec mes amis de qques instants parfois, ,à l’autre bout du monde…quelle émotion. …quel bonheur! Je souhaite de tout coeur que nos enfants vivront encore de la sorte et leurs enfants. …merci encore pour ton exercice de rassembler.
Quelle super bonne idée que de créer des images qui nous ressembles et nous rassembles dans nos différences. Unissons nous pour ce beau grand projet rassembleur. Bien vue Louis!
Quel beau projet, idéaliste ou utopique pour certains, humain et réaliste pour d’autres, que de « montrer » non pas nos ressemblences, mais NOTRE ressemblence. De vouloir capter et diffuser ces images qui sont communes à tous les humain(e)s, où que nous soyons. Puisses-tu réussir dans ce projet pour notre édification à tous!