Nous avons souvent le regard photographique tourné vers le haut. On se promène «avec la tête en l’air» comme on dit communément. On balaie les situations potentielles avec nos yeux «à hauteur d’homme» ou tournés vers le ciel. C’est naturel et normal.
Lorsqu’on se promène la tête penchée vers le sol, on est plus perdu dans nos pensées. On regarde le sol mais ne le voyons pas nécessairement. On a les yeux un peu relevés pour éviter de heurter un obstacle ou une personne.
Et si on faisait une sortie photo en concentrant notre regard uniquement vers le sol puis y capter des sujets qui se présenteront? Pourquoi? La question est pertinente. On peut penser que rien d’intéressant jonche le sol, sauf des déchets et des mégots. Et pourtant…on oublie les formes, les reflets, les ombrages, les traces qui peuvent être des sujets extraordinaires et qui s’offrent…à nos pieds.
Je venais de passer toute une avant-midi à faire de la photo dans Death Valley (Californie). Lever du corps très tôt pour profiter de la fraîcheur du matin. Au lever du jour, photos à Zapriski Point puis à différents endroits au fil des heures. Death Valley est immense et je n’avais pas le sentiment d’avoir réussi à capter l’essentiel de l’endroit. Puis, j’ai baissé mon regard et boum! Je venais de trouver ma photo, en noir et blanc par surcroît. Death Valley ne pardonne pas lorsque l’eau vient à manquer.
La semaine dernière, même phénomène au gré d’une promenade. Je regarde les lampadaires bordant un sentier au bord de la rivière L’Assomption à Joliette. J’aime leur forme mais l’éclairage est peu intéressant et le sujet m’apparaît un peu banal. Je porte mon regard vers le sol. Et boum! Voilà. J’avais ma photo.
Tout de suite et en prenant la photo, un texte s’est imposé à mon esprit. Voilà une photo que je voulais faire pour saluer et remercier le groupe auquel j’enseigne actuellement dans le cadre de cours d’introduction à la photographie au Cégep régional de Lanaudière. Vous me permettrez de reprendre le texte que j’ai écrit en lien avec cette photo sur Flickr, ce dernier étant largement inspiré d’un passage du Petit Prince de St-Ex.
Réverbère…
«Bonsoir…
Bonjour…..
Bonsoir….
Je suis un allumeur de réverbères.
J’ai le bonheur de côtoyer des personnes passionnées par la photo.
Souvent dans mes formations.
Quelques fois sur mon blog et par l’entremise de courriels.
Et puis toujours dans Flickr.
Des passionnés.
Certains demandent: « Comment on fait une belle photo? »
Et je vois une belle flamme dans les yeux qui ne veut jamais s’éteindre.
Je fais un beau métier.
Bonsoir….
Bonjour….
Bonsoir….
Je suis un allumeur de réverbères.»
(Enfant, j’ai tellement écouté le magnifique disque racontant le Petit Prince avec la voix de Gérard Philippe. L’histoire et la voix qui la portait résonne encore dans mon imaginaire. Pour ceux et celles qui auront encore ce disque à l’esprit ou pour faire une belle découverte, vous pouvez faire l’audition du disque en cliquant ici. Je viens de retomber en enfance, l’espace d’un clic.)
J’espère avoir été un «allumeur de réverbères» à la hauteur. Chaque fois que je donne un cours, c’est toujours la hantise du prof: être à la hauteur des attentes. L’évaluation des étudiants me permet toujours de savoir si «l’allumeur de réverbères» a été à la hauteur dans leur esprit.
C’est également le souhait que je formule intérieurement à chaque fois que je créé un nouvel article sur ce blogue….le souhait profond d’enrichir – modestement et à ma façon – les réflexions et le cheminement des gens intéressés. Une façon de cheminer, progresser davantage et enrichir votre sac photo…pas à pas.
Enrichissez mon propos avec vos commentaires et vos questions. Avec vos mots, ce blogue n’en deviendra que plus riche.