La fonction de mesure d’exposition de votre appareil est un outil puissant. Faite le bon choix de mesure à obtenir et vous obtiendrez des photos avec un minimum de retouches à faire pour corriger l’exposition. A contrario, si vous connaissez peu ou exploitez mal cette fonction, il en résultera des photos qui vous feront rager. J’étais loin de me douter le weekend dernier que j’allais connaître trois situations photos spécifiques et très différentes l’une de l’autre qui allaient me donner l’occasion d’avoir à sélectionner des modes de mesure d’exposition plus sélectifs pour réussir mes photos. Dans l’article d’aujourd’hui, démonstration de l’importance de cette fonction avec des photos ratées…et réussies. Plus que jamais, il importe de s’aventurer à l’extérieur des modes «automatiques» de l’appareil pour nous permettre de mieux contrôler et faire de la belle photo.
Nouveautés logiciels
Suite à l’article de la semaine dernière pour le traitement photo, plusieurs ont manifesté de l’intérêt pour certains produits. Les amateurs de Photoshop seront heureux d’apprendre que la nouvelle version CS6 fait son arrivée sur le marché. Certains pourront en faire l’acquisition, d’autres seront plus intéressés par la mise à jour. Si vous avez un intérêt pour l’ensemble de la suite CS6, vous pouvez consulter les renseignements pertinents et en faire l’acquisition.
Bien connaître les différentes mesures d’exposition
La mesure d’exposition est la fonction grâce à laquelle l’appareil mesure le montant de lumière qui est nécessaire pour réussir une photo. L’appareil fait constamment cette analyse et cette lecture à partir du moment qu’il est actif.
Il faut toutefois comprendre que l’appareil fait l’analyse des besoins de lumière pour une photo à partir de trois grilles d’analyse différente. Autrement dit, le système de mesure d’un appareil dispose généralement de deux ou trois options de mesure.
La mesure multizone (ou évaluative) prend la mesure de la lumière sur un ensemble de points. La mesure centrale privilégie la luminosité du sujet central de votre composition, soit un rayon de 9% au centre de votre plan. Contrairement à la première méthode de mesure (évaluative), c’est la portion centrale de votre cadrage qui mérite le plus d’attention de la part du système de mesure. Finalement, la mesure «spot» privilégie la luminosité du sujet sur un point très précis, soit en général 2% à 3% au centre de votre plan. C’est extrêmement précis comme lecture, au beau milieu de votre cadrage.
La plupart du temps – et par défaut – votre appareil est programmé sur la mesure évaluative pour calculer l’exposition nécessaire pour vos photos en prenant des points de repère sur un ensemble de points dans votre cadrage. Il fait ensuite une moyenne de la lumière de ces points pour ensuite déterminer – pour une ouverture donnée – la durée d’exposition requise ou – à l’inverse – pour une vitesse donnée l’ouverture requise pour obtenir la bonne dose d’exposition.
Voilà qui habituellement fonctionne bien à 80% du temps. Toutefois, dans la photo ci-contre, voici un très bon exemple d’une situation où la mesure évaluative ne convient pas du tout. Cette photo sort directement de mon boîtier – sans retouche aucune. Un surfeur pratique son sport dans les vagues provoquées par des remous au bord du St-Laurent à Montréal. Le défi pour l’appareil est immense: beaucoup de blanc dans les remous alors que le surfeur est très sombre en raison de son «wet suit». L’appareil photo fait une mesure d’exposition dans l’ensemble du cadrage. Puisque de puissants remous blancs sont présents et que la lumière est très vive, l’appareil photo considère qu’il ne doit pas exposer longtemps cette photo pour la réussir. Pour vous aidez à visualiser cette situation, l’appareil a le même réflexe que s’il photographiait un champ de neige. À 200iso et pour une ouverture F4, il a déterminé qu’une vitesse de 1/8000 de secondes était suffisante. Vous le constatez, il en résulte en une énorme sous-exposition. Pourquoi? Puisqu’il y a beaucoup de blanc lumineux dans la photo, l’appareil procède à une moyenne en fonction de ces masses blanches. Les bouillons blancs sont ramenés au classique gris 18% que recherche l’appareil photo (vous vous souvenez de l’article sur la neige grise?). Il aurait fallu que je fasse du bracketing pour compenser. Pour notre appareil, il considère qu’il vient de réussir sa mission. Misère! Le surfeur est méconnaissable, beaucoup trop sombre, à la fois son vêtement et son visage. Et j’ai beau évoquer des bouillons blancs lumineux dans ma photo, vous les cherchez sûrement.
Que faire dans pareille situation? Il faut déterminer ce qui importe qu’on expose correctement dans notre photo. Un choix s’impose. J’ai donc choisi de basculer en mode de prépondérance centrale c’est-à-dire que j’ai indiqué à mon appareil mon souhait qu’il accorde plus d’importance à la zone centrale (70% de l’importance du calcul) dans sa mesure d’exposition. Je vous rappelle que la surface comprise par la prépondérance centrale représente 9% du cadrage au centre. Dans ce cas-ci, il s’agit d’un diamètre autour du surfeur incluant un peu du bouillon blanc. Par le fait même et puisque je cadrais mon surfeur davantage au centre de mon cadrage, la mesure privilégie l’exposition correcte pour mon surfeur. C’est ce dernier qui compte pour moi. À la limite, je peux vivre avec une surexposition des bouillons blancs mais plus difficilement avec une sous-exposition de mon surfeur. Dans ce cas-ci, l’appareil a réagi très correctement. Pour bien exposer le surfeur, l’appareil a choisi d’avoir une vitesse d’exposition plus lente que la précédente. Une vitesse d’exposition plus lente = davantage de lumière. Encore une fois, la photo à droite est celle qui sort directement de mon boîtier. Iso 200, ouverture F5,6, vitesse 1/1600 sec. L’exposition est plus réussie puisque la lumière a pénétré pendant une plus longue durée d’exposition que la précédente.
Au final, voici une des photos les plus réussies pour cette session. Il importait de réduire la vitesse d’obturation pour avoir une meilleure exposition tout en essayant de bien figer l’action. L’appareil y parvient aisément avec une vitesse de 1/2000 sec. à F5,6, iso 200. Si vous considérez que votre vitesse est trop lente, vous pourriez dans ce cas-ci augmenter vos iso à 400, voire même 800 et ramener aussi votre ouverture de F5,6 à F4. Avec l’une ou l’autre de ces modifications, vous auriez gagné de la vitesse. Mais à 1/2000 sec., la vitesse était suffisante pour figer les gouttelettes d’eau. Photo traitée avec Lightroom et Nik’s Software.
La mesure spot pour une très grande précision
La mesure «spot» privilégie la luminosité du sujet sur un point très précis, soit en général 2% à 3% au centre de votre plan. Avec la mesure spot, on s’assure que le sujet dans notre centre immédiat du cadrage sera bien exposé. Cette mesure m’est particulièrement utile lorsque je fais de la photo de chevreuils par exemple. Ces derniers sont souvent sous-exposés lorsqu’on a recours à la mesure évaluative. La lumière dans les bois amène l’appareil à réduire la quantité de lumière dans l’exposition. Le chevreuil devient alors une masse sombre. Dommage car l’animal est habituellement notre sujet principal – non pas la forêt environnante. La mesure spot directement sur le pelage de l’animal nous assure alors que la mesure prise et les paramètres de l’appareil pour la prise de vue donneront l’exposition désirée sur l’animal.
La semaine dernière, nous avions justement un autre beau sujet pour lequel la mesure spot était tout indiqué. La lune! Cette superbe lune pleine au rendez-vous samedi soir (quelques nuages en sus!). Voici tout d’abord cette lune prise avec une mesure évaluative. Vous constatez que l’appareil a fait ses calculs en fonction de l’ensemble du cadrage. Ayant constaté une bonne quantité de noir dans le cadrage, l’appareil a donc choisi des paramètres qui tiennent compte passablement de cette masse noire. L’appareil a voulu faire entrer de la lumière suffisamment longtemps pour tenter d’éclaircir cette masse noire. Iso 400, F3,5, 1/125 de seconde. Résultat? Une lune pleine toute blanche, sans aucun détail puisque l’exposition était trop longue pour aller chercher des détails dans la lune.
La même lune évidemment mais en ayant recours à la mesure spot. Différent n’est-ce pas? La mesure d’évaluation ne tenait pas compte du noir ambiant mais faisait une lecture directement sur le centre de la lune. Le noir n’importait plus. Qu’importe: du noir, c’est du noir. Résultat: une vitesse plus rapide qui nous permet d’avoir plus de détails. Iso 400, F5,6, 1/500 de seconde. Voilà une lune beaucoup plus intéressante. Lorsque la lune est magnifique, pourquoi ne pas sortir votre plus longue lentille, faire une mesure spot sur cette lune en utilisant votre trépied? Vous avez une tablette numérique ou encore un téléphone intelligent? Procurez-vous une des meilleures ressources pour les éphémérides et ainsi prévoir le passage de la lune et ses heures de lever et de coucher.
S’adapter aux situations
Voici une 3e situation au cours du weekend dernier où j’ai eu à modifier ma mesure d’exposition pour l’ajuster aux circonstances. Défilé de mode, de la belle photo à faire dans des conditions difficiles. Lors de tels événements – tout comme lors de concerts – on conçoit l’éclairage pour le spectacle, pas pour les photographes! Les modèles paradent, tantôt dans la lumière, tantôt dans une noirceur relative. Dans cette situation, laisser son appareil en mode de mesure évaluative revient à courir à sa perte. L’essentiel n’est pas dans le décor ambiant; l’essentiel, c’est le modèle et les vêtements qu’elle porte. Pas d’hésitation: on bascule dans le mode à prépondérance centrale. On s’assurera alors d’avoir une mesure de lumière adéquate sur nos modèles et leurs vêtements tout en espérant avoir une vitesse suffisante pour figer l’action. Iso 1600, lentille 70-200mm, F4,5, 1/200 de seconde.
J’espère que cet article vous a été utile. N’hésitez pas à commenter les copains. Merci pour votre présence et bonne semaine.
Bonjour, Dans l’exemple du modèle en fin d’article : Iso 1600, lentille 70-200mm, F4,5, 1/200 de seconde. Quel mode ? Manuel AV etc.. ISO auto comment sait-on quels réglages faire j’ai du mal avec ça. Pareil avec le surfeur. Merci
Voici une vidéo pour vous aider: https://youtu.be/NTYMpIcw-7k. J’ai probablement pris ces photos en mode AV pour ouverture. Mes ISO ne sont presque jamais en mode automatique. Je détermine mes Iso selon la lumière ambiante et la durée d’exposition dont j’ai besoin.
Ping : PHOTO mode VITESSE | TUTORIEL DÉBUTANT | Fairedelabellephoto.com
Ping : Tutoriel ouverture photo | Cas pratiques | Fairedelabellephoto.com
Ping : Mode OUVERTURE PHOTO | Tutoriel débutant | Fairedelabellephoto.com
Ping : La lévitation avec la photographie | Fairedelabellephoto.com
Oui, André a raison, ton blog est vraiment intéressant. Personnellement, j’adore tes rappels. Je me rends compte que je connais souvent les notions que tu décris sans penser à les appliquer car j’espère toujours corriger en post-traitement. Résultat: je passe bcp de temps sur mon logiciel de retouche.
Toujours à propos de mon sujet décentré.
Ok je prends ma mesure spot, j’ajuste mes réglages et je recadre. Cela suppose que je suis très cool … Maintenant j’aimerais bloquer ces réglages d’un simple clic … Sur Nikon il s’agit de la touche AEL/AEF. Je me demande si exposition et auto focus marchent ensemble ??? je ne comprends pas très bien la notice …
Autre chose pour dans une même pièce pour même ambiance malgré zones d’ombre et de lumière comment bloquer cette mesure spot sans pour cela ajuster les réglages manuellement, en l’occurrence en mode priorité ouverture.
merci infiniment de ta disponibilité et conseils avisés.
Pour la touche AEL /AF, c’est vous qui déterminez laquelle des deux fonctions vous privilégiez. C’est une ou l’autre mais pas les deux simultanément. Mais au-delà de la mémorisation par le biais d’une touche, il reste aussi notre mémoire pour jouer ce rôle. ;-). Si je suis en mode ouverture et que ma mesure spot m’indique que la vitesse pour bien exposer mon sujet serait telle, je bascule en mode vitesse et bascule ma vitesse à la valeur optimale. Voilà. Si on ne veut pas faire trop de réglages manuels, on détermine que la touche AEL/AF sera consacré à la mémorisation d’exposition. On détermine notre ouverture selon la profondeur de champ souhaitée. On fait notre mesure d’exposition spot, on mémorise avec la touche AEL et on refait notre cadrage. Et clic. 🙂
oui mais comment faire une mesure spot sur un sujet décentré ?
Très facile Élisabeth. On fait d’abord la mesure d’exposition. On ajuste nos réglages selon les suggestions du photomètre. Une fois les réglages apportés, on refait notre cadrage en décentrant notre sujet. Et clic! La mesure d’exposition,le cadrage et la mise au point sont trois opérations distinctes.
Merci Louis sur ces explications claire des différentes mesures d’expositions . Je vais essayés de les mettre en pratiques .
Merci 🙂
Envoyé avec ma dactylo Smith-Corona
Mes espaces photo WordPress (blogue formation): https://louislavoiephoto.wordpress.com Flickr: http://www.flickr.com/photos/llavoie
Ping : Exposer pour le ciel | Fairedelabellephoto.com
Ah ! Comme il est intéressant ce blog en général et ce sujet en particulier. Voilà une chose à laquelle je ne pense que rarement : règler la mesure d’exposition … parce que dans les photos en studio c’est la mesure pondérée centrale qui prévaut et si l’on passe à d’autres photos.. on oublie, et on essaie de rattraper en post-production. Pas toujours avec succès.
Merci encore Louis pour ces précieux conseils, si simples à retenir.
Merci André pour votre commentaire. Merci pour votre rappel à la vigilance. Très apprécié.