Peut-on en finir avec le diktat du piqué?

Fashion

@Louis Lavoie photo

«Mais quel piqué!»  «Tu as vu le piqué?» À ce concert d’éloges, j’ai le goût d’ajouter: «Mais quelle mouche les a piqué?» Ces jours-ci, on en a que pour le piqué de la nouvelle génération d’objectifs qui sont mis sur le marché.  La guerre des capteurs étant relancée, devinez qui sont maintenant à la traîne?  Nos (vieux) objectifs sont rendu rien de moins le maillon faible de notre arsenal photo – du moins si l’on en croit non seulement les publicités mais les analyses, les tests comparatifs, les blogues, les vidéos d’équipements, etc.   À entendre le concert des techniciens du pixel, avec nos (vieux) objectifs nos photos ne sont plus bonnes – ou du moins – celles que nous produirons au cours des prochains mois/années ne seront plus à la hauteur.  À la hauteur de quoi au fait?  Vous me permettez un petit billet d’humeur?  Juste le temps de vous réaffirmez que le meilleur équipement photo est celui que vous avez entre les mains…maintenant.  

Bon début de semaine à vous tous et merci d’être à notre rendez-vous.  Difficile de croire – ici au Québec – que la saison d’automne se pointera bientôt le bout du nez tant que les températures restent agréables et estivales.  C’est le cas du moins au moment de rédiger ce billet d’humeur, billet qui s’est imposé dans mon esprit au gré de mes lectures et visionnement vidéo depuis le printemps dernier et surtout depuis ma visite récente de certaines expositions photo.

Vous pouvez le constater depuis quelques mois, la course aux mégapixels est bel et bien relancée.  Nikon a lancé les hostilités avec la sortie du D810 qui caracolait joyeusement dans la stratosphère avec son capteur à 36 mégapixels.  Même le récent D7200 avec ses 24 mégapixels vient se glisser devant ce qui était l’un des vaisseaux amiraux de Canon, soit le 5d mark III avec 22 mégapixels.  Canon ne voulant être en reste, la réplique est venue comme un coup….de canon (sic!).  Le nouveau Canon 5Ds franchit la barre des 50 mégapixels, rien de moins.  Voilà que Sony s’invite à la danse avec le A7RII et ses 42 mégapixels.  Avec de tels capteurs, nous voilà maintenant dans la cour de ce qui était auparavant réservé aux appareils moyen format.  Pentax, qui offre un moyen format 645D de 40 mégapixels, devrait sortir sous peu un nouveau boîtier avec le même senseur que le A7RII.   Toutes ses avancées sont au profit de la photo seulement?  Pas vraiment puisque le standard vidéo 4k fait dorénavant parti des arguments de vente.  Qui dit 4k dit avoir besoin d’un capteur permettant une définition et un piqué de très haut niveau.

Nous y voilà.  Le piqué.  Encore.

Ce que je trouve désagréable dans ce concert publicitaire est ce postulat qui veut qu’on a besoin des objectifs les plus performants si l’on veut tirer le meilleur profit des capteurs dernier cri.  Ou encore, qu’on a besoin de capteurs encore plus performants puisqu’on vient de se procurer les objectifs lumineux de très haut niveau.  Bref, tout concorde: impérativement, vous devez renouveler votre parc actuel d’objectifs, dépenser, acheter – d’autant plus que les résultats financiers du dernier trimestre pour plusieurs manufacturiers font état de reculs dans les ventes et les profits.  À preuve, Olympus, à l’instar d’autres, a chuté dans le rouge pour son dernier trimestre et a affirmé vouloir se consacrer aux modèles haut de gamme, lesquels dégagent une rentabilité et des marges beaucoup plus intéressantes que les appareils compact.  Olympus ne sera pas en reste au chapitre des feux d’artifice mégapixels puisque le manufacturier intégrera sous peu dans ses boîtiers haut de gamme le même senseur Sony que le A7RII.  Bref, le domaine de la photo capitalise constamment sur l’évolution technologique, la nouveauté, la sortie de produits et la mise au rancart et retrait du catalogue de produits vieux d’à peine 18 à 24 mois.  Ouf…et misère!

Le piqué? Mais quel piqué?

horst-p-horst-vogue-oct-1938

@Horst

Le piqué? Mais où est-il le piqué?  C’est un peu la question que je me posais en visitant l’exposition au Musée McCord sur le photographe mode Horst P. Horst qui a été un photographe marquant pour le magazine Vogue à compter de la fin des années 1930.  J’admirais ses photos en analysant la plupart d’entre elles: la gestion de la lumière, la composition, la pose.  Horst avait des intentions précises: mettre en vedette le vêtement, l’accessoire. Souvent le visage du modèle était légèrement sous-exposé.  Il faut savoir que Horst travaillait avec chambre grand format ce qui exigeait du modèle de garder la pose pendant quelques secondes pour que le photographe fasse sa mise au point puis quelques secondes encore pendant la durée d’exposition.  Souvent il en résultait un léger flou qui, loin de déranger, contribue au look glamour et à l’atmosphère.

yw086

@Horst

Le piqué?  Mais où est-il le piqué?  Les techniciens des pixels n’y trouveront pas leur compte s’ils analysent les tirages pour l’exposition de Horst.  Loupe à la main (comme l’impératif 100% sur les fichiers RAW/jpeg qu’on peut voir dans les articles analytiques sur les nouveaux boîtiers), ils ne trouveront guère une définition fulgurante sur le 3e bouton du veston ci-haut ni sur sur les cheveux du modèle ci-contre. Est-ce vraiment si important dans ces cas-ci?  L’éclairage est magnifique, l’ensemble dynamique.  Dans le travail de Horst, l’intention et la réalisation se rejoignent.  C’est ça la maîtrise.  Même si le travail de Horst a évolué au fil des années, selon les tendances de la mode et l’évolution technologique – notamment avec la couleur qu’il introduira dans son cheminement – on ne sent pas chez lui une démarche technologique.  Le propos prime, l’esthétique également.  Et son esthétisme exerce toujours une influence aujourd’hui comme en font foi les nombreux exemples que vous trouverez sur Internet comparant des photos originales de Horst et des mises en scène que Madonna reprend dans un vidéo ou encore dans des photos.

marvin

@Marvin

J’étais encore sous le charme des photos d’époque de Horst lorsque j’ai découvert le travail d’un photographe de rue Montréal, David W. Marvin (1930-1975) qui a documenté certains quartiers montréalais, notamment Griffintown dans sa période la plus industrielle.  Le travail de Marvin est une démonstration éloquente que la technologie est bien secondaire au propos, au récit photographique, au sens d’observation  et à la nécessaire sensibilité.  J’ai particulièrement à l’esprit une photo d’un groupe de femmes et d’enfants avec les vêtements d’époque qui s’étaient réfugiés sous le porche d’un commerce pour éviter la pluie.  Le flou des personnages était très présent mais ça convenait tellement bien à la scène et au propos.  Le piqué était-il une nécessité?  Bien sûr que non.

Mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa

J’ai beau dénoncer la tendance dernier cri, il faut que je confesse n’avoir pas été insensible aux chants des sirènes.  Lorsque j’ai fait l’acquisition d’un plein capteur il y a quelques années, j’ai passé quelques temps à analyser les tests de performance des lentilles sur mon boîtier réalisés par le site DXOmark.  J’ai bien vu les écarts importants au chapitre de la performance qui existaient entre mes objectifs d’alors (zoom) comparativement aux objectifs fixes plus lumineux.  J’ai alors fait un changement important de stratégie.  Aujourd’hui mon sac photo est doté d’un 24mm (F2.8), 40mm, 50mm (F1.4), 85mm (F1.8), 90mm (macro).  Quelques zooms de «vieille génération» complètent le tout (24-70mm F2.8 mark 1, 70-200mm F2.8 mark 1).

Aujourd’hui, si j’en crois les articles qui paraissent, les vidéos sur YouTube, tout est à jeter. Mon 24-70 (mark 1) est à la peine et honte (!), comment ose-je encore sortir mon 70-200 (mark 1 – sans stabilisation par surcroît) de mon sac, je vous le demande.  Le 50mm F1.4 ne fait plus le poids, la 85mm (F1.8) non plus.  Ceci étant, il est intéressant que les nouvelles lentilles de Sigma de même que Samyang offrent de nouvelles alternatives de haut niveau aux photographes.  Mais strictement au raison de la qualité du piqué? Est-il vraiment fondamental – comme on se plaît à nous le démontrer fois après fois – que le balcon du 14e étage sur un édifice en arrière-plan d’une photo à 100% à un écran d’ordinateur ressort mieux avec une lentille mark II plutôt qu’avec la mark I? Allez, trouvons mieux.  Qui de nos jours fait imprimer des formats aussi imposants pour qu’on voit vraiment la différence?  Et même si la différence existe, est-ce vraiment un détail aussi déterminant?

helios44

Je trouve intéressant et paradoxal à la fois cette popularité grandissante – en cette période de recherche de piqué – pour des objectifs qui vont plutôt dans le sens contraire. Même si c’est marginal, plusieurs photographes font main basse sur de vieux objectifs – tel l’Helios 44-2 de production russe – pour donner un cachet unique à leurs photos.    Le mouvement lomographie est également populaire avec ses objectifs holga, les expériences pinhole sans oublier bien entendu l’ancêtre contemporain des objectifs à décentrement, la Lensbaby.  Ceux qui ont recours à ces objectifs ne sont pas attiré par la performance, le piqué mais plutôt par le rendu esthétique, quitte à ce dernier soit anachronique.  Et contrairement aux nouveaux objectifs sur le marché, les prix pour ces objets sont abordables et modestes.

Alors, faut-il vraiment que je migre mon patrimoine d’objectifs à une génération mark II, voire mark III?  Je ne crois pas et je ne le souhaite pas, d’autant plus que les prix de ces objectifs contemporains sont costauds.  Je suis également persuadé que les lentilles de plus récente génération ne feront pas une différence si significative dans ma démarche photo.  Je suis d’ailleurs un bien piètre technicien du pixel.

Les lecteurs de ce blogue savent qu’à l’instar des maîtres tels Horst, la vision et l’intention sont beaucoup plus importantes dans la réalisation de vos photos que le recours aux ou à l’achat des dernières technologies.  Investissez dans votre vision, dans l’art d’exprimer vos émotions, de l’identification de nos intentions au moment de prendre vos photos.  Voilà l’avancée photographique qui aura le plus d’impact sur vos photos.

N’hésitez pas à commenter.  Vos mots sont importants.  

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21 commentaires pour Peut-on en finir avec le diktat du piqué?

  1. Tout vient de la différence entre le film et papier (photographie argentique) composés de grain et le numérique et offset composés de carrés et de lignes.
    Le piqué est inhérent à la technique et ce qui gène aujourd’hui c’est de s’apercevoir que le carré n’existe pas dans la réalité.

  2. bonjour
    Qu’on arréte avec cette course au pixel absurde, au mega appareil et objectif.Ce n’ai pas l’appareil
    qui fait les photos mais le photographe.Mon premier appareil un Samsung wb 150 f x10 c’est avec
    cette appareil que j’ai fait mes premiere photo de mon blog et ce sont celle qui sont les meilleures
    amitiés josé

  3. Didier Simon dit :

    Bonjour à tous,

    Je pense comme chacun, que la qualité d’une photo ne passe pas par le piqué et c’est même une évidence, mais pourquoi se faire des nœuds au cerveau pour des histoires de pseudo diktat ?
    Les marques d’équipement photo sont prises dans un système tout à fait normal de course au pixel et au piqué. C’est comme ça, ça a toujours été et ça sera toujours. Il me paraît d’ailleurs normal et sain, que la technologie évolue et propose toujours une qualité et des possibilités accrues. Ça ouvre le champ des possibles et jusqu’à preuve du contraire, ça n’a jamais fait baisser la cote de HCB et autres photographes qui utilisaient du matériel avec les qualités et possibilités d’une autre époque.
    Les magazines, quant à eux, relaient bien évidemment ces arguments en faveur de la technologie grimpante et est-ce vraiment surprenant ? est-il nécessaire de rappeler que la promotion de ces nouveautés, autrement dit la publicité, est précisément leur gagne-pain ?

    Mais pourquoi ressentir ça comme un diktat ? Qui nous oblige à quoi que ce soit ? Qui pourrait me faire croire qu’une image ultra piquée, même si elle ne parle pas, aura quand même plus de valeur qu’une image peut-être imparfaite mais saisissante d’émotion ?

    Personnellement, comme tout le monde, les photos qui me parlent vraiment ne sont pas forcément des photos à la netteté extraordinaire, au piqué de la mort qui tue, aux couleurs ultra fidèles, … non ! Ce sont des photos qui transportent une émotion ou une esthétique, un certain graphisme en fonction de mes goûts, de mes sensibilités. Je peux être touché aussi bien par une image aux contours flous que par une image très piquée et c’est le message que m’apporte la photo qui fera son effet.

    Il me paraît manifeste qu’il y a de la place pour tout le monde, dans la photographie ! On le voit aujourd’hui, avec des photos de toutes les époques, de tous les styles, piquées, floues, en couleur, en N&B, etc, qui s’exposent et se côtoient, chacune avec son émotion, c’est la qualité du message, qui fait tout le travail et là-dessus, on est à peu près tous d’accord.

    Alors où est la dictature ? Et pourquoi se prendre la tête sur des choses qui ne changeront pas et qui ne peuvent d’ailleurs pas changer ?

  4. Beaucoup de bonheur à lire ce « coup de gueule ». Je sors juste de tests entre un boîtier à 3000 € que je ne citerai pas et un compact à 50 €. Même photo, même cadrage sur trépied et bien évidemment pas la même aisance, ni le même plaisir d’utilisation, mais à l’arrivée la même photo ! Dans les limites du format A4 rien dans la différence qui vaille 2950 €, et je rajouterai, combien utilisent leur appareil pour faire des tirages grands formats ? Ah oui j’oublie ceux qui impriment sur leur imprimante jet d’encre bureautique, c’est sûr que la différence doit être flagrante.
    Lorsque j’ai abandonné le dos moyen format pour un reflex plein format je n’ai eu aucune différence sur mon travail, aucun client n’a vu la différence, moi par contre j’ai fait une économie notable et mon ordinateur peut se permettre d’avoir un peu moins de ram, les disques de stockage un peu moins de téra octets… Quand on cumule tout on peut augmenter sensiblement le budget loisirs, pas désagréable !

  5. Je pense comprendre ce billet d’humeur, mais amha il ne faut pas tomber dans l’effet inverse.
    Une belle image n’a pas besoin d’un piqué fou pour transmettre une émotion, un message. Simplement si on souhaite des détails bien définis, comme c’est souvent le cas, on essaye toujours en principe de visser l’objectif le plus approprié et le plus proche possible de son budget.
    Je doute par exemple que les photographes cités ci-dessus aient utilisé des objectifs agés, surtout si ils avaient la possibilité d’en visser des plus qualitatifs.

    Je rejoint complètement un commentaire plus haut : le bon matériel est celui que l’on a, et si on peut s’offrir quelque chose d’encore plus performant ou adapté à sa pratique, tant mieux ! si ce n’est pas le cas on continue avec ce qu’on a ! de toutes façons l’argent n’achète pas le talent non ?

  6. Kristohe dit :

    Du vrai dans tous ça oui, mais les exemples que tu cites ont justement un piqué extraordinaire, surtout le travail de Horst à la chambre. Une photo floue peut avoir un très bon piqué, ce sont deux choses différentes. le capteur numérique ne cherche pas seulement à avoir une définition extrême mais à retrouver ce que j’appelle le « modelé » de l’argentique, le relief, que la photo soit flou ou non n’a rien à voir. Je pense aux travaux de Sarah Moon ou Paolo Roversi qui travaillent à la chambre par exemple.
    le problème du numérique est que nous n’avons pas une technologie fixe et que nous avons donc une spirale de la surenchère numérique. Avec l’argentique la technologie était « finie » simplement les optiques pouvaient être de mieux en mieux mais pas changée tout les quatre matins non plus.

    je rejoins ton analyse dans le fait que ce qui compte c’est de trouver l’outils avec lequel on se sent mieux pour exprimer ce que l’on veut dire, que ce soit un super appareil ou un matos de brocante à 4 sous.

  7. Oui, l’émotion d’abord. Et la quête du sens. Je crois pour ma part que l’on peut éventuellement passer à côté de l’émotion et du sens s’ils ne sont pas soutenus par la technique. Mais je suis absolument convaincu en revanche que l’on repère illico la technique qui n’a ni émotion, ni sens.

  8. « Mais quel piqué dans cette photographie !» ! Quand j’entends ce type de commentaire, je bondis non pas de joie, mais de rage. Comme si la qualité d’une photographie était liée exclusivement à son piqué. Il faut constater que ce type d’observation émane le plus souvent de photographes sans réelle visée artistique et surtout préoccupés par le type de matériel / objectif utilisé. Même les revues photographiques, dites les plus renommées, nous parlent souvent du piqué offert par tel ou tel objectif. Je peux vous dire que j’en ai vu des photographies offrant un piqué extraordinaire, mais dénuées totalement d’intérêt sur le plan artistique ! Il y a donc, pour le moment, un vrai diktat du piqué comme il y actuellement un diktat du RAW (autre débat que celui-ci). Il est donc grand temps de remettre les pendules à l’heure… On parle beaucoup trop de technique et pas suffisamment de l’intention artistique, des sens d’une photographie, de son écriture, de sa structure…

  9. C’est amusant car c’est un billet d’humeur que nous aurions pu tous écrire tellement nous sommes concernés par le sujet.
    Dans l’immédiat j’ai envie de dire : tout ce ci n’est que marketing !
    Mais j’ai cédé : sur mon bon vieux D700 le 35 1.4 de Sigma – avec son piqué qui parait artificiel – est vissé dessus en permanence.
    Mais j’ai également le 58 f2 44-2 Helios dans ma sacoche en permanence, et un 85 1.8D que j’utilise parfois.
    98% de mes photos sont faites au 35 1.4 Sigma, et le piqué y est  » parfait « . J’ai souvent eu des discussions houleuses sur internet à ce sujet , et j’ai aussi eu la flemme de m’expliquer en détail.
    Mais concrètement, j’ai grand plaisir à posséder un tel objectif ( surtout que je l’ai depuis sa sortie : donc payé 900€ contre 1600€ pour le 35 1.4G de Nikon qui offre des performances moindres. Alors qu’aujourd’hui j’hésiterais grandement entre le nouveau 35 1.8G ED de Nikon et ce Sigma 35 1.4, même si ce dernier a beaucoup baissé de prix – 600€ neuf, et entre 350 et 500€ d’occasion- contre environ 300€ pour le 35 1.8G ED d’occasion ).
    Pourquoi suis-je content de ce 35 1.4 Sigma ? En dehors de son prix, et ses performances tellement hautes qu’elles paraissent artificielles : c’est le plaisir d’avoir un objectif tout-terrain, fiable et  » personnalisable « .
    Je m’explique : pour un contrat je me dois de livrer des photos avec un certain niveau de qualité, le piqué et la netteté étant ce que le particulier regarde en premier.
    Donc ce 35 1.4 nouvelle génération du  » tout piqué  » fait le travail !
    Mais pour mes projets personnels, j’ai le choix d’une photo  » propre  » grâce à cet objectif, car je peux l’utiliser en studio en reportage en portrait et j’en passe.
    Oui je suis un grand amoureux du 35mm et je fais tout avec. Le 85 1.8 étant là pour m’aider le cas échéant ( surtout pour des portraits  » classiques  » à f4 ou f2.8 ).
    Mais lorsque je vaque à mes projets personnels, qui tournent souvent autour de reportages ( que vous ne trouverez nul part pour le moment ) qui nécessitent parfois de pousser le matériel, comme les iso de mon bon vieux D700 qui commencent à dater ( à partir de 1600 iso c’est sale comparé à un D810 et D610 ! ) et l’ouverture f1.4 de ce 35mm.
    Donc c’est sans le moindre scrupule, et même avec grand plaisir que j’ai parfois effectué des reportages à la lumière d’une bougie ( ou d’un téléphone pour faire moderne ) et les photos sont bruitées ( sur une photo en noir et blanc ça passe pour du grain en rappelant l’argentique ) et l’ouverture f1.4 donne une mise au point aléatoire car l’autofocus est mauvais donc on reprend la main en faisant la mise au point manuellement.
    Et vous savez quoi ?
    C’est là que je prends le + de plaisir !
    J’ai beaucoup de plaisir à offrir des photos de mariage très piquées à f1.4 avec un magnifique bokeh au coucher du soleil, mais mon plaisir et je dirais même ma raison de vivre et de faire de la photo c’est ce reportage imprévu dans le trou du cul du monde dans des conditions peu confortables et qui pourtant vont m’offrir une atmosphère unique.
    J’étais en Ukraine avec une division blindée cet hiver et les photos  » sales  » j’en ai un paquet. Je suis encore en Ukraine et j’ai pas fini de voir des choses étonnantes. De la base militaire souterraine peu éclairée à l’hôpital militaire où se font soigner les soldats ukrainiens à qui il manque une partie du visage ou du corps, et qui évitent la lumière pour éviter les regards des gens.
    Ces photos sont sales, brutes, tout comme notre monde.
    Et ironiquement pour des photos dans un style  » à la mode  » pour ne pas dire vintage, les objectifs Helios sont très demandés pour leurs divers effets.

    • Merci Geoffrey pour ce témoignage bien argumenté et rédigé. Dans la mouvance technologique et esthétique, tout n’est pas noir ou blanc. Votre commentaire est éloquent.

  10. Fabrice dit :

    Bonjour, voila un article qui exprime ce que l’on peut partager comme intuitions.
    C’est l’usage de penser que pour pouvoir en être maintenant, il faut possédé l’esprit du moment.
    La possession du matériel devient un exorcisme.
    La superstition est souvent une mauvaise interprétation.

  11. Demouron dit :

    Bonjour,
    Simple photographe amateure, cet article me conforte dans ma démarche photographique qui n’a qu’un seul but: rendre compte de l’instant qui m’a touchée. Une fleur, un insecte, un regard d’enfant, une situation drôle ou émouvante, tout me parle, mais je ne réussis pas tout. Et souvent, je garde une photo qui n’est pas parfaite, mais qui me touche, justement à cause de son imperfection.
    Et lorsque je regarde les photos d’autres photographes, je ne regarde et ne retiens, que ce qui me touche, et surtout, sans chercher à soir comment la photo a été réalisée. Tout comme je ne demande jamais à un cuisinier comment il a réalisé la recette du plat que je suis en train de déguster. Le mystère fait partie du charme.
    Merci de redonner à l’imperfection sa place réelle et importante dans l’Art, qu’il soit photographique ou pas.

    Bien à vous,
    Mijo

  12. Oup’s ! Et bien le moins que l’on puisse dire objectivement, c’est qu’il pique votre article ! Ha ha ha
    Merci du partage,
    Amicalement,
    Philgood …

  13. Excellent article quand on pense à la popularité de filtres de type VSCO (que j’utilise parfois) qui reproduisent les anciens films analogiques avec du grain ajouté en plus!! Vous y avez fait allusion dans votre texte avec les effets de vieux objectifs qui donnent du style aux images.

    Apprécier le résultat final de la photo en général ne dépend pas du piqué de la lentille en grande partie, mais dans la photo dans son ensemble, selon moi aussi. J’ai également succombé au capteur plein format et j’ai noté que mes objectifs de plusieurs années donnent de très bon résultats.

    En fait ce sont selon moi les avancées au niveau des senseurs et non pas des objectifs qui font la différence si on parle purement technique en laissant de côté la vision de l’artiste. Pas la super résolution des mégapixels, mais plus particulièrement la sensibilité à la lumière (performance en haut ISO) et la gamme dynamique de lumière que le senseur peut capter. Avec les années et les nouvelles génération, la plage dynamique des senseurs augmente de plusieurs stops pour avoir du détail dans les ombres et les hautes lumières. Ces facteurs influent plus du côté technique que le piqué des objectifs. Si compare avec le concept des files d’attente ce sont les senseurs qui sont le goulot d’étranglement qui font la différence et pas les objectifs.

    Donc encore là est-ce qu’on achète le dernier senseurs? Pas nécessaire puisque rendu au niveau actuel, la grande majorité des appareils donnent des images similaires et surtout si on visionne ses photos principalement sur le web!

    • Merci d’ajouter d’autres éléments à la réflexion Jean-Pierre, tel la sensibilité des capteurs. Je profiterais de votre commentaire pour partager un petit moment qui revient chaque fois lorsque je rencontre mes étudiants pour la 1ère fois dans mon cours visant à ce qu’ils connaissent mieux leur boîtier et sachent mieux en tirer profit. Mais tous mais plusieurs sont d’avis que l’équipement du voisin est supérieur au leur et que ce dernier sera donc en mesure de réaliser de «meilleures photos». En définitive, les meilleures photos seraient celles produites par l’équipement le plus dispendieux, dernier cri. Impossible de faire de bonnes photos avec un petit compact bas de gamme, pensent les détenteurs de cet appareil. Et pourtant. Le scénario se répète à chaque fois et j’ai toujours un certain plaisir – et défi – à leur démontrer et contrer les arguments «marketing».

  14. guy mayer dit :

    Excellent article et tellement vrai Louis Bonne semaine g

  15. J’aime beaucoup cette réflexion. Il ne faut pas faire fi de la technologie, mais il ne faut pas suivre et tout balancer sous prétexte qu’il y a mieux. Il y aura toujours mieux, de toute façon….Et l’art, c’est subjectif. Quand je regarde une photo, je m’attarde à la technique mais surtout à l’émotion que suscite la photo. Et l’émotion n’a souvent rien à voir avec le piqué.

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