Et si on osait le minimalisme? Si on osait faire des photos avec le moins d’éléments possibles dans notre cadrage? Et si nous avons moins d’éléments dans notre photo, aura-t-elle moins d’impact? Une portée moindre? Sa capacité à raconter une histoire sera-t-elle diminuée ou au contraire enrichie? Regard sur la richesse du minimalisme, autant pour son propos que pour des possibilités graphiques.
Merci d’être au rendez-vous que je vous propose. Bienvenue à ceux et celles qui découvrent ce blog via Google+. Ma collection «Techniques et conseils photo» dans ma page sur Google+ ne cessent de croître quotidiennement de façon importante – signe de l’intérêt des gens qui s’y abonnent pour la photo. Faire de la photo, ce n’est pas uniquement faire le choix d’un équipement. C’est un rendez-vous – comme je l’indique sur mon site photo – d’une vision, d’une émotion et d’un moment. Pour réussir ce rendez-vous, il faut avoir certaines connaissances et votre présence ici et maintenant témoigne de votre recherche dans ce sens. Bravo!
Disons-le tout de go, il faut avoir une certaine dose d’audace pour oser le minimalisme c’est-à-dire de mettre en pratique la pensée qui prône le «less is more». Cette pensée veut que moins vous incluez d’éléments dans une oeuvre, plus vous accentuez son propos et sa portée. Le courant minimaliste dans les arts visuels est né dans les années 60 en réaction à des styles picturaux débordants de couleurs et de formes. J’aime bien le minimalisme parce que dans une certaine mesure, il nous ramène dans l’héritage du Bauhaus où on privilégiait la pureté des lignes et des formes sans aucun foisonnement. Le minimalisme n’existe pas uniquement au chapitre des arts visuels mais également dans le domaine de l’architecture (Mies Van der Rohe), de la musique (Philip Glass entre autres pouvant verser autant dans l’abondance que le minimalisme).
Faire de la photo minimaliste, c’est faire le choix d’un cadrage très épuré avec un seul sujet, souvent discret, parfois même en retrait. Le choix du sujet importe et son positionnement dans votre cadrage tout autant. Souvent on doit de façon volontaire lui donner un peu moins d’importance. Par exemple, dans le cas de la photo de droite, je voulais capter ce buisson isolé parmi les roches. J’étais sensible à l’apparente vulnérabilité du buisson parmi toute cette masse rocheuse. J’aurais pu cadrer pour que la masse rocheuse soit plus présente à l’intérieur de mon cadrage. Toutefois, en privilégiant l’approche minimaliste, je n’affiche qu’un portion modeste de l’ensemble – laissant le ciel nuageux occuper la plus grande portion de mon cadrage. Voilà qui renforce l’aspect isolé du buisson et son apparente vulnérabilité.
Le minimalisme peut nous permettre de capter une portion seulement d’un objet à un point tel que le lecteur ne parviendra pas ou plus difficilement à reconstituer l’objet en question. Ou encore, on peut prendre et isoler un objet relativement banal mais lui accorder passablement d’attention dans notre cadrage lorsque jumelé à un arrière-plan neutre. Dans le cas de la photo à droite, les courbes de la rambarde sur un bateau se détachant dans un ciel bleu ont attiré mon attention. J’ai donc joué avec les formes sans vouloir que l’ensemble de l’objet soit perceptible et compréhensible pour le lecteur de la photo.
Un motif et sa répétition peuvent également être un sujet intéressant pour une photo minimaliste. Assez souvent, les jeux d’ombres sont des pistes intéressantes à exploiter.
Certains sujets sont de grands classiques en matière d’approche minimaliste dans le domaine de la photo. Ici, je n’ai certainement pas révolutionné le genre avec cette photo (faite et refaite) d’un arbre isolé et au loin dans un décor enneigé. C’est un classique. Dans ce cas-ci, j’étais privilégié d’avoir ce brouillard qui a camouflé l’arrière-plan pour me que je puisse insister plus lourdement sur la solitude de l’arbre au milieu du décor.
Je vous propose certaines de mes photos à l’enseigne d’un certain minimalisme. Ça et là, quelques éléments sont présents dans un décor relativement uniforme. En raison de cette uniformité de l’arrière-plan, le positionnement de ces éléments ont leur importance, souvent pour le propos ou encore pour la portée graphique de votre cadrage.
L’absence d’un arrière-plan dans la photo de droite permet aux formes floues de l’oiseau de retenir toute notre attention. J’ai fait un recadrage de ma photo originale pour positionner mon sujet dans le tiers droit. J’aime bien le contraste entre les formes blanches de l’oiseau et leur reflet noir. À chaque fois que je vois cette photo, j’ai la chanson L’aigle noir de Barbara à l’esprit. La photo ci-bas est véritablement dans le plus pur esprit du minimalisme. Un seul élément que je fais surgir du cadre à partir du tiers gauche inférieur.
Ceux et celles qui connaissent mon travail savent combien j’aime parfois jouer au peintre avec mon boîtier. C’est le cas dans la photo ci-haut de même que les photos qui suivent. Je capte des photos comme si je donnais des coups de pinceaux sur une toile blanche. Je les appelle mes haïkus, courts poèmes japonais. Quelques traits à peine. Quelques formes. Très peu. Minimes et modestes. Les photos ci-haut et ci-bas sont vraiment dans l’esprit des haïkus. Dans le cas de la photo de droite, même si on est loin du cubisme de Picasso, y’a quelque chose qui évoque dans mon esprit les baigneuses d’Avignon. Le traitement photo, inspiré d’un objectif holga avec des noirs très prononcés et l’important vignettage, permet de faire ressortir les courbes et formes dessinées dans une mince couche de neige sur la glace où nous patinions.
Un épais brouillard qui se disperse. Quelques zones rocheuses et de végétation apparaissent ça et là. Minimaliste à souhait. Lorsque la météo est plus ou moins clémente, vite sortons notre appareil. Des opportunités vont se présenter.
J’espère que l’article d’aujourd’hui vous permettra de constater le potentiel de la photo minimaliste. Pour y parvenir, il faut souvent isoler un ou des éléments et profiter d’un arrière-plan plutôt neutre. Il faut aussi accepter que la photo minimaliste ne plaît pas au plus large auditoire. Mais d’un point de vue artistique, elle offre un potentiel formidable. N’hésitez pas à commenter. Vos mots sont importants. Merci pour votre présence. Elle est essentielle.
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Que dire de plus, s’envelopper d’un brouillard tendre et doux. Regarder sans être vu, entendre le chuchotement des secrets à travers les branches …. que dire de plus ! Félicitation pour vos merveilleuses photos.
Merci Francine. C’est très gentil. 🙂
Ouah … Toutes les photos sont simplement parfaites !
Très gentil à vous. Merci pour vos commentaires et témoignages.
Plus à l’aise avec l’écriture que la photographie , je note que ces deux disciplines ont énormément de points communs dont le sens de l’observation, la capacité à traduire des émotions, des ambiances. Le minimalisme aussi ta sa place avec des phrases courtes et légères et même des silences qui permettent au lecteur d’avoir sa propre vision du récit . Merci pour vos belles images .
Same