Broyer du noir

Broyons du noir, non pas dans le sens de déprimer en raison de l’hiver mais plutôt broyer du noir comme un peintre devait le faire, jadis.  Il devait broyer ses pigments pour faire de la peinture, le noir y compris.  Le noir joue un rôle important dans nos photos.  En fait, il renforce souvent les jeux de lumière. Ou encore il sculpte l’espace.  Sans lui, de beaux paysages, des scènes de rue, voire des portraits perdraient leur éclat. Rendons un hommage au noir.  Sans le noir, point de lumière.  

Bonne semaine à vous.  Que nos cousins éloignés se rassurent, le vortex polaire est toujours des nôtres au Québec.  Brrrrrrr!  Quel hiver les amis, quel hiver.  Pour une semaine de temps très froid, nous avons un court redoux (-5C!) pour 24 heures et puis les températures glaciales reviennent aussitôt.  Météo en dents de scie comme on dit «par chez nous».  Voilà que chez nos voisins du Sud, on vit la tempête du siècle!  Rien de moins. C’est long un siècle.  Et pas moyen de savoir s’il s’agit du siècle qui vient de passer ou du siècle à venir.  Mais, c’est la tempête du siècle.  🙂

Vive le noir

Je l’indiquais plus haut, le noir a son importance.  Il faut rechercher le noir pour différentes raisons.  Il faut souvent l’inclure dans nos photos.  Certains photographes en ont fait une marque dominante.  J’ai particulièrement à l’esprit le photographe japonais Daido Moriyama, Ansel Adams, Sebastiao Salgado, Edward Weston, le canadien Yousuf Karsh et plusieurs autres. Le noir pour eux (a été) est une façon de sculpter, de dessiner, de modeler.

Dans certaines situations, un noir pur sert à rehausser la lumière.  C’est le cas dans la photo ci-dessus.  Ces zones de lumière prennent leur existence en raison de noirs plus profonds qui créent les démarcations.  Nul besoin dans le traitement numérique de vouloir éclaircir ces zones plus obscures.  Ces noirs sont autant de coups de pinceau qui sculptent cette scène avec plusieurs tableaux de graffitis.

«Ghost riders...in the sky» (sur un air de Johny Cash)

Dans la photo ci-dessus, mon oeil a été attiré par les formations nuageuses.  J’ai exposé pour le ciel afin d’aller capter des détails.  En plus, j’avais probablement mon filtre rouge B&W, outil formidable pour la photo en noir et blanc qui permet d’obtenir des noirs profonds.  J’ai choisi d’inclure ce haut d’un clocher comme silhouette.  Lors de mon traitement numérique, j’ai obscurci certaines formes nuageuses ce qui renforce leur allure menaçante, ces dernières menant l’assaut en direction du clocher.  Tout le long de mon traitement, j’ai eu la chanson de Johnny Cash, «Ghost riders in the sky» à l’esprit.   Le tout est un peu exagéré, caricatural même, mais pictural.

© Louis Lavoie photo. N'hésitez pas à commenter cette photo si elle vous plaît. You like this photo? Don't hesitate to comment.Prenez des silhouettes, ajouter un contre-jour et vous aurez assurément de beaux noirs profonds.  Dans ce cas-ci, j’ai choisi d’inclure dans le haut de ma photo une portion du tunnel et dans le bas, l’ombre prononcé de celui-ci. Ces deux éléments créent un cadre où les deux silhouettes viennent s’engouffrer au pas de course.  Nul besoin encore une fois d’éclairer ces zones d’ombres prononcées, ces dernières sculptant l’espace.

Encore une fois, le noir est un élément graphique d’importance dans cette photo. Quelques zones plus lumineuses résistent ça et là.  À l’évidence, il fallait simplement que j’attende le passage d’un personnage au bon endroit et que je déclenche au moment opportun.  Ici, le noir sculpte l’espace, l’occupe pleinement. Forcément, notre oeil est alors dirigé vers ces quelques éclaircies.  La lumière agit comme un aimant pour notre oeil mais cette lumière est mise en valeur par ces zones d’ombres prononcées.  On croirait assister au début d’une représentation théâtrale avec un comédien qui entre en scène.



© Louis Lavoie photo.  N'hésitez pas à commenter cette photo si elle vous plaît.  You like this photo?  Don't hesitate to comment.J’aimais beaucoup cette scène dans un hôtel avec toutes ces chaises empilées telle une chorégraphie qu’on s’apprêterait à exécuter.  Les rayons lumineux perçaient et atteignaient certaines des chaises.  On pourrait dire qu’il s’agit d’une mise en scène, véritable ballet de la symétrie avec, en prime, la ville en arrière-plan découpée par les persiennes comme de véritables coups de pinceau.  Le jeu du noir et des rayons crée un effet de texture.  Dans ce cas-ci encore, la lumière est mise en valeur grâce à ces noirs plus profonds.

© Louis Lavoie photo.  N'hésitez pas à commenter cette photo si elle vous plaît.  You like this photo?  Don't hesitate to comment.Encore une fois, une silhouette en contre-jour qui, dans ce cas-ci, épouse de façon symétrique l’alignement des rails de chemin de fer.   J’aurais pu, dans mon traitement numérique, chercher à éclairer la silhouette mais j’aime ce noir complet qui fait davantage ressortir la pose et la forme. Le choix du noir et blanc fait ressortir tous les éléments graphiques, la ligne de fuite, l’opposition entre la neige et les roches.

Photo classique ayant recours à des éléments en place pour créer un cadre à notre photo. J’ai choisi d’utiliser le contour de cette porte pour présenter ce beau paysage et cette femme rêveuse bouthanaise.  Vrai que la belle sérénité du Bouthan peut nous amener à rêvasser.  Les détails de la porte étant intéressants, j’ai choisi d’éclaircir ceux-ci légèrement mais pas suffisamment pour que notre oeil ne se dirige pas vers cet au-delà.  Encore une fois, il y a opposition entre les zones claires et obscures.

Comme vous pouvez le constater, je vous encourage à «broyer du noir».  Je vous encourage à voir le noir comme une matière pouvant créer des formes, des zones, pouvant vous permettre de sculpter votre photo.  Broyer du noir, c’est jouer au peintre de jadis et exploiter cette couleur.  Vous avez remarqué comment le noir donne toute la richesse aux portraits de Karsh?  Vous avez observé comment Moriyama dessine avec le noir?   Que dire de Salgado qui module l’intensité de ses photos avec différentes tonalités de gris et de noir.  À votre tour de jouer avec le noir.  N’hésitez pas à commenter et merci encore une fois pour votre présence régulière.  

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8 commentaires pour Broyer du noir

  1. Ping : Faire de la belle photo en noir et blanc | Luminar 4 | Fairedelabellephoto.com

  2. Ping : Anticosti: la tête de la Jupiter | Fairedelabellephoto.com

  3. scotch dit :

    PS : j’ai découvert les artistes dont tu donnes les liens et j’ai adoré le travail d’Ansel Adams.. Merci.

  4. scotch dit :

    Une question me vient à l’esprit, comme ça, sans aller plus loin : dans la photo du personnage qui passe, est-ce que tu as absolument réfléchi à la composition avant de déclencher (lumières, ombres, etc), afin que l’œil fasse une lecture parfaite de gauche à droite, de haut en bas, pour arriver sur l’ombre ou est-ce un heureux « hasard » au final ? Parce que mince, si c’est parfaitement voulu, réfléchi et structuré, j’ai encore 2 siècles de boulot, sans être sure d’arriver à ce résultat…….

    • Content que la photo vous plaise. Deux éléments sont intervenus dans la réalisation de la photo: la composition et le «hasard espéré». Oui, j’avais repéré ces masses d’ombre et je voyais le potentiel. En fait, j’ai fait toute une série de photos autour de ces masses d’ombre. J’ai isolé une portion de celle-ci pour composer le cadrage la photo que vous aimez. J’ai composé comme vous l’indiquez. Et j’ai attendu et espéré. J’attendais un passant qui passerait là où je l’imaginais. Certains ont passé dans l’ombre. Certains se dirigeaient au bon endroit mais ont bifurqué. Certains quelques-uns ont passé au bon endroit. J’ai déclenché. Du lot, j’ai aimé celle-ci car le passant est bien démarqué et surtout son mouvement de pas est bien équilibré. J’ai probablement consacré 30 à 45 minutes à faire des photos de certaines zones et pour attendre et patienter. Merci pour votre bonne question.

  5. Gilles dit :

    Vraiment bien ton article Louis et les photos y sont particulièrement bien adaptéees.

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