Quel est le tout premier choix que vous faites pour créer une photo? Tic… tac… tic… tac… Vous avez répondu le choix d’un sujet? Bravo. C’est effectivement le cas. Maintenant, quel est le 2e choix à faire, surtout pour que votre photo aille autant d’impact que vous le souhaitez? Tic… tac… tic… tac… Et votre réponse? Vous répondez: votre choix quant à la façon de camper le sujet, de raconter une histoire? Bravo, vous êtes encore dans le mille. Et comment y parvient-on? Vous avez encore raison. Le choix du cadrage est de toute première importance. Et lorsque celui-ci est légèrement imparfait, vive le recadrage – même sévère.
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Dans mon préambule, je campe la séquence initiale des réflexions qui nous habitent habituellement dans le processus de créer une photo. Tout d’abord, le choix d’un sujet. Ensuite, le choix que vous exercez afin de «raconter» ce sujet. Et ce récit s’exprime tout d’abord avec le choix de votre cadrage. Où allez-vous positionner votre sujet dans ce cadrage? Quels sont les éléments que vous laisserez dans ce dernier, quels sont ceux que vous voudrez retirer. Quelle perspective adopterez-vous? Viendront par la suite les choix quant la profondeur de champ de même que l’endroit où vous ferez votre mise au point. Vous voyez, c’est tout simple et séquentiel. N’empêche que le choix du cadrage a une importance capitale dans le processus.
Il arrive parfois que notre cadrage initial n’est pas le plus optimal. C’est certainement le cas dans l’exemple ci-dessus. Mon oeil a été attiré par ces belles feuilles d’automne au-dessus d’un cours d’eau alors que j’étais sur un pont. Avec ma lentille 24-70mm, voilà le maximum que je pouvais aller chercher. Pas trop mal mais la photo contient des éléments superflus. Qu’est-ce que je veux présenter? Des feuilles d’automne avec de l’eau en arrière-plan. Même si j’ai positionné les branches colorées dans le tiers à droite, mon sujet a peu d’impact en raison de la trop grande présence de l’eau à la gauche. La masse blanchâtre apporte peu d’éléments d’information et ne contribue pas tellement à l’esthétisme de la photo. À mon oeil, bien entendu. Que faire? Vive le recadrage.
Il ne faut pas hésiter à avoir recours à l’outil de recadrage dans notre logiciel de traitement numérique surtout lorsque notre cadrage initial ne rend pas justice à notre sujet. Dans ce cas-ci, vive le format carré pour éliminer partiellement le plan d’eau. Mon sujet prend alors toute l’importance que je voulais lui accorder. Par la suite dans mon logiciel de traitement, Lightroom dans ce cas-ci, comment pouvais-je faire ressortir les couleurs davantage? Non pas en saturant les couleurs mais en ajoutant du noir. Vous le saviez déjà. J’ai tout simplement bonifié les noirs et ajouté du vignetage.
Il y a quelques jours, j’ai eu la chance de croiser et voir travailler une connaissance à moi, Bernard Brault, l’un des meilleurs photographes sportifs au Québec et photographe du quotidien La Presse. C’était lors d’un match de mon équipe de soccer (football) préférée, l’Impact de Montréal. À la mi-temps, j’ai eu la chance d’être au-dessus de l’épaule de Bernard pour le voir faire l’éditing de ses photos de la 1ère demie et voir ses choix à envoyer à la rédaction. C’était impressionnant de voir la vitesse à laquelle il faisait le tout. Mais ce que j’ai retenu le plus était le recadrage sévère qu’il appliquait aux photos qu’il entendait soumettre. Grâce à ce recadrage, on était vraiment plongé dans l’action du moment capté. Gros plan sur des visages, sur un mouvement, sur une action.
Lorsqu’on fait du sport comme dans le cas de la photo ci-dessus, on doit souvent cadrer plus large, surtout lorsque le mouvement des joueurs (athlètes) est imprévisible. Ça d’ailleurs été le choix que j’ai fait lors de ce match de football (américain) d’autant plus que je me suis appliqué à utiliser le filé dynamique (filé d’action) pour obtenir un effet particulier. Alors que la majorité des photographes cherchent à «figer» l’action, dans mon cas je cherchais plutôt à ce qu’un joueur soit «net» dans un tourbillon d’action. Je devais donc déplacer mon boîtier et suivre le mouvement du joueur sélectionné. L’effet recherché a été obtenu dans cette photo ci-dessus mais le sujet a moins d’impact en raison d’éléments superflus. Il y a trop d’espace à la gauche de mon joueur ce qui inclus également les maisons tout près des estrades dans l’arrière-plan tout comme trop de ciel noir. Que faire? Vive le recadrage.
Nous voilà dans l’action. Les joueurs sont plus près de nous, la photo a beaucoup plus d’impact. On distingue mieux le joueur en mauve sur qui je portais mon attention.
Autre exemple dans le cas ci-dessus. En raison de l’action et de mon large cadrage, plusieurs éléments inutiles s’ajoutent dans la photo. Maisons en arrière-plan, traînée lumineuse, etc. Allez, il faut que ça disparaisse. Allons-y pour un cadrage un peu plus «rentre-d’dans».
Et voilà qui est plus convaincant, qui nous met beaucoup plus dans l’action. Encore ici, j’aime bien l’effet d’un joueur figé dans un tourbillon mouvementé.
Reconnaissons-le, il arrive également que certaines hypothèses nous apparaissaient intéressantes au moment de la prise de photo mais elles s’avèrent plutôt décevantes lorsqu’on bascule en éditing. Dans la photo ci-dessus, je pourrais éclaircir et traiter les roches dans le haut de la photo pour leur donner plus de personnalité mais le résultat resterait quelconque. Manifestement, ces roches jettent du lest dans la photo. Malgré tout, j’ai vu un potentiel dans cette image.
J’ai choisi de faire un recadrage plus panoramique pour éliminer les roches. La photo qui en résulte peut servir pour une bande photo à mettre dans le haut de nos pages dans les médias sociaux par exemple. Si vous examinez la photo en grande format, elle bascule beaucoup plus dans le mode abstrait que dans la 1ère photo avec les roches. Elle me parle et j’aime toutes les formes, courbes, flous qu’on y retrouve. L’abstraction me fait de l’oeil comme d’habitude ;-).
L’outil de recadrage de votre logiciel de traitement numérique peut vous permettre de passer d’une photo quelconque à une création beaucoup plus réussie. L’idéal est bien entendu de réussir son cadrage initial mais d’autres hypothèses peuvent surgir en cours de route. N’hésitez pas à en profiter.
J’espère que cet article vous sera utile. N’hésitez pas à commenter. Vos mots sont importants.
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Intéressant !! Je me suis toujours imposé de ne pas recadrer mes photos, comme une superstition … Je vois d’ailleurs que je préfère celles non recadrées dans l’article (peut-être de la mauvaise foi ?!)
L’idéal est bien entendu de ne pas recadrer et de cadrer directement à la prise de vue ! On rejoint alors le vrai regard de l’artiste photographe.
Mais il est clair que le recadrage est, dans certains cas, indispensable dans le but, notamment, de supprimer tout ce qui est superflu. L’expression « Less is more », étant une de mes devises.
Le « re-cadrage » est utilisé dans plusieurs formes d’art, et c’est une technique essentielle pour éliminer le superflu. En musique, comme en photo, il est parfois douloureux d’éliminer de belles notes, mais il faut le faire pour permettre à celles qui sont les plus mémorables de prendre toute leur place. Ne jamais avoir peur d’éliminer tout ce qui ne contribue pas à la vision d’origine. Très belle leçon, Louis. Merci!