La photographie est un espace de créativité et de liberté. C’est un espace intérieur – le vôtre – que vous pouvez exprimer à votre guise, à votre façon. C’est votre vision que vous pouvez partager avec vos lecteurs de la façon que vous choisissez. Amener le viseur ou l’écran de votre appareil photo vers votre oeil pour capter une photo, c’est choisir de plonger dans le champ des possibles. Toutefois, ces possibles ne se résument pas uniquement à la prise de vue. Cette créativité peut aussi continuer de s’exprimer à partir de la matière initiale, c’est-à-dire votre photo. Votre photo est captée? Voici quelques-unes des manipulations que vous pouvez réaliser dans le traitement de vos photos pour amener celles-ci…ailleurs.
Merci d’être à nouveau à ce rendez-vous proposé. Merci pour votre présence. Ces jours-ci, ce blog franchira le cap des 300 000 visites depuis sa création. C’est inespéré et formidable. J’étais loin de me douter d’un tel engouement au moment je me suis lancé dans cette aventure. Merci à vous tous pour de très beaux moments et d’immenses plaisirs.
Cette semaine, je me suis inspiré de vos réponses à mon sondage sur ce blog – réponses où plusieurs souhaitaient que j’aborde à l’occasion des éléments liés à la créativité.
Pour la thématique d’aujourd’hui considérons que votre photo est la matière première à partir de laquelle vous voudrez obtenir un certain résultat. Elle représente un point de départ – important et essentiel – à partir duquel votre vision créative prendra le relais. Il est possible que vous ayez vu – avant même la captation de votre photo – le potentiel créatif du sujet. Il est possible également que des hypothèses surgissent plutôt au moment d’amorcer le traitement numérique ou en labo de votre photo. Dans un cas comme dans l’autre, vous voyez un certain potentiel dans votre photo pour amener celle-ci ailleurs. Vous êtes donc prêt à prendre des libertés dans le traitement de votre photo pour faire émerger «une autre réalité». J’utilise à escient le mot «réalité» car plusieurs sont d’opinion que la photo captée doit rester conforme à la «réalité» saisie et être le moins manipulée que possible. Je suis d’une opinion autre – comme en témoigne la suite de l’article.
Je vais donc partager avec vous quelques trucs relativement simples que vous pouvez réaliser dans vos traitements numériques afin de donner un effet particulier, une lecture plus singulière pour quelques-unes de vos photos. Il ne s’agit pas ici de plonger dans des manipulations «Photoshop» de haut niveau. Mais en se tournant vers des outils que vous avez déjà sous la main ou que vous pouvez facilement vous procurer, vous pourrez réaliser quelques manipulations «créatrices».
Le recadrage
Fort à parier que vous le faites déjà. Ce n’est pas de la haute voltige. Je suis d’accord. N’empêche que le recadrage est un outil tout simple à votre disposition pour maximiser l’impact de votre photo, cerner davantage son propos, éliminer des éléments superflus. C’est une façon de partir d’un cadre d’origine pour obtenir un résultat autre.
Bien entendu, il est davantage question ici d’un recadrage plus exhaustif, découpant des sections de votre photo originale. Personnellement, je trouve que le format carré – relativement peu utilisé – est souvent d’une grande efficacité pour restreindre volontairement le regard de nos lecteurs. Avec le format carré, la règle des tiers – au demeurant un point de repère et non un absolu – est moins pertinente puisque le regard du lecteur est davantage confiné. N’empêche qu’il importe de bien disposer les éléments dans votre cadrage selon l’effet que vous recherchez. Recadrer parfois de façon sévère produira donc des photos plus significatives selon votre regard critique et créatif.
Jouer avec la perspective
C’est si simple qu’il suffisait d’y penser. Pourquoi ne pas mettre un peu d’intrigue dans votre photo. Créer un regard neuf. Dans le cas de ces deux photos (ci-haut, ci-bas), j’ai capté le reflet de passants sur un petit pont. J’aimais bien l’effet et le reflet des silhouettes. Dans sa disposition originale, la photo était correcte mais les silhouettes ne retenaient pas suffisamment notre oeil. Que faire? Alors, j’ai utilisé l’outil de pivot pour inverser celles-ci. Les reflets qui étaient dans le bas de la photo sont dorénavant dans le haut. Résultat: des silhouettes plus évidentes mais troubles, différentes, vaporeuses. Comme si le photographe était sous l’eau pour capter celles-ci en contre-plongée. C’est tout simple, inusité et efficace. Pour mieux voir l’effet, n’hésitez pas à cliquer sur les photos pour visionner celles-ci en grand format.
Certaines photos et certains sujets pourraient donc être de bons sujets pour explorer les possibilités du pivot. Les reflets sont les premières qui me viennent à l’esprit mais y’a d’autres possibilités. Lesquelles vous viennent à l’esprit? N’hésitez pas à commenter.
Les textures
D’accord, d’accord, je vous avais promis des suggestions qui n’étaient pas trop porté vers du «Photoshopping». N’empêche qu’avec certains outils logiciels, il est relativement facile d’envisager l’univers des textures. Vous pourrez lire plus loin certains outils gratuits et faciles à installer pour faire des manipulations plus poussées.
Pour y parvenir, vous retenez une photo propice à l’ajout superposé d’une texture. Le choix d’une texture, le positionnement de celle-ci, l’effet recherché, voilà autant d’éléments qui vous permettent de travailler avec de la matière – non pas seulement celle de votre photo mais également celle d’une autre photo que vous appliquez sur la première. Parfois, les textures apportent des qualités graphiques à l’ensemble, parfois elles peuvent davantage appuyer un propos. Tout dépend de votre vision et du propos que vous désirez mettre de l’avant.
La désaturation sélective
La désaturation sélective relève d’un effet recherché, soit celui de laisser un objet, un sujet ou certains éléments en couleurs – ou d’une seule couleur – alors que le reste de notre cadrage a basculé en noir et blanc. Il y a eu un effet de mode avec la désaturation sélective. Qui n’a pas vu par exemple la photo de la mariée avec son bouquet de fleurs, ce dernier étant le seul élément tout en couleur. Vu et revu moult fois. Probable que certains en sont lassés.
Toutefois, à l’occasion, il peut être pertinent de recourir à la désaturation sélective pour insister (lourdement peut-être) sur un élément. J’aime souvent y recourir pour le côté pictural, pour une richesse graphique. Dans cet univers de noir/blanc et de couleur, y’a quelque chose qui évoque souvent un peu le yin et le yan. Personnellement je ne m’en lasse pas lorsque le sujet s’y prête mais seulement à l’occasion. Avec un logiciel tel Lightroom (ou Polaar par exemple – voir plus loin), on parvient facilement à retenir la couleur, sa saturation de même que sa localisation.
Les calques
Je vous avais promis de ne pas basculer dans des effets trop «Photoshop». Je me permets de conclure avec un style et un traitement un peu plus poussé – soit celui ayant recours à des calques et à la superposition de ceux-ci avec un léger décalage. Il s’agit de prendre une photo, de doubler voire tripler celle-ci dans de nouveaux calques. Dans chacun de ces nouveaux calques, on déplace très légèrement le cadre de la photo pour obtenir ce léger flou.
Le mode «superposition (overlay)» est suffisamment doux pour ne pas amplifier ou saturer à outrance notre photo originale. Tout est toutefois une question de goût. Bien entendu, ce genre de traitement nécessite un outil logiciel qui permet la création et la gestion de calques. Outre le dispendieux Photoshop, les propriétaires d’un ordinateur PC pourront se tourner vers les outils gratuits Gimp ou encore Paint.net. Pour ma part, j’utilise le module «Layers» de la suite logiciel OnOne. Toutefois, une nouvelle gamme d’outils numériques gratuits et très puissants sont disponibles pour les utilisateurs du fureteur Chrome et qui ne nécessitent pas une installation sur votre poste de travail. Pourquoi ne pas vous tourner vers Polaar ou encore Photo Raster que vous parvenez à manipuler à l’intérieur de votre fureteur Chrome? Étonnamment, avec Photo Raster, vous avez accès à à des calques et une foule d’outils «à la Photoshop» tandis que Polaar est dans le même registre que l’éditeur de Lightroom. Pour ceux qui privilégient la plateforme MAC, avez-vous des suggestions d’outils de traitement numériques gratuits? N’hésitez pas à utiliser l’espace commentaires pour faire part de vos suggestions.
Jusqu’à maintenant, j’ai surtout exploité un tel traitement pour des paysages urbains quoique j’ai déjà vu de belles réalisations dans le cas de photos de fleurs comme j’ai tenté de recréer dans la photo ci-haut.
Et clic! Vous avez votre photo mais celle-ci ne constitue qu’un point de départ. Vous pouvez l’amener ailleurs. En faire autre chose. Dans l’art moderne et l’art contemporain, les photos sont de la matière qui inspire une oeuvre ou fait parti intégrante d’une oeuvre. Les photos sont transformées, manipulées, sont devenues autres. Elles sont parfois la source d’une création plus large – un collage par exemple ou un élément dans une installation. Bref, on peut prendre les libertés qu’on veut avec nos photos et le traitement que nous leur réservons.
J’espère que cet article pourrait vous inspirer. N’hésitez pas à commenter. Vos mots et votre présence sont importants. Merci de cultiver votre intérêt pour la photo et de partager votre passion.
Je viens juste de découvrir votre site et a la première lecture je suis déjà conquis … ! D’où mon inscription immédiate …
Vos messages sont SUPER intéressants et ouvres de nouvelles portes pour aller dans d’autres directions et ça malgré les années de photos en amateur derrière moi.
Vous me sortez d’un « train train » trop habituel et je vous en remercie grandement et c’est avec plaisir que je vais lire avidement tous vos messages…
Merci encore.
Jean-Claude Godefroid 29 Finistère.
comme G tj voulu prendre des cours en photographie G trouvé votre article très intéressant