L’ouest américain m’appelle, me hante à nouveau.  «Reviens» me dit-il.  L’envie est grande.  C’est un véritable joyau et terrain de jeu extraordinaire pour la photo paysage.  Mais au fait, la photo paysage en noir et blanc, vous avez déjà essayé?  Les points de repère sont-ils les mêmes que pour la photo paysage en couleurs?  On prend la photo en noir et blanc dans l’appareil ou on transforme dans notre chambre noire numérique?  Bienvenue dans un monde fabuleux.

Fascinant de constater combien le n/b ne perd pas de sa popularité.  Il s’impose toujours dans la photo de rue par exemple où plusieurs ont le réflexe de retirer les couleurs pour que notre oeil se concentre sur l’essentiel: une action en cours, une réaction, des objets spécifiques, la disposition des éléments.  La matière d’une photo n/b nous parle différemment d’une photo couleur où justement cet élément de couleur influence notre regard et notre perception.  Sans la couleur, nous apprécions d’autres caractéristiques dans les photos.

Il en va de même dans la photo paysage.  Je vous ai offert dans le passé des conseils pour réussir vos photos paysage. À la relecture de cet article, chacun des éléments a toujours son importance dans le cadre de la photo paysage n/b.  Toutefois, je crois qu’il faut aborder la photo paysage n/b de façon différente.

L’importance de voir

Avant qu’on déclenche pour prendre une photo, j’ai déjà insisté dans le passé sur l’importance de «voir» notre photo, de l’imaginer, de la concevoir.  Je crois que dans le domaine du n/b, il est particulièrement important de voir notre photo en n/b dans notre esprit avant de la prendre.  Pourquoi?  Parce les points de repère sont fondamentalement différents.

Qu’arrive-t-il lorsqu’on retire la couleur d’une photo?  Que reste-t-il en fait?  Des masses, des formes et du vide.  Un chandail multicolore deviendra essentiellement un vêtement avec différentes tonalités de gris.  La forêt d’automne avec tous ses coloris les perdra au profit de différentes tonalités de gris.  Qu’arrive-t-il de ce magnifique paysage de montagnes dans le mid-ouest américain avec tous les coloris dans la roche?  La masse rocheuse se traduit en différentes tonalités de gris.

Par conséquent, la couleur ne parle plus.  Les nuances s’expriment différemment.  Mais les masses deviennent davantage la matière essentielle.  Les masses deviennent les principaux éléments de votre photo.

Voilà pourquoi il importe de concevoir votre photo paysage n/b en fonction des formes et de la lumière.  La photo ci-haut en est un exemple.  D’une part, en raison du contre-jour, j’allais forcément avoir une sous-exposition de mon sujet.  D’autre part, je trouvais que les formes étaient très intéressantes pour une photo n/b.   J’ai donc choisi de laisser celles-ci s’exprimer complètement dans un rendu n/b.  Ma mesure était en mode évaluatif pour aller dans le sens du contre-jour.  Je tente donc de vous faire part que le choix du n/b ne devrait pas découler d’une photo qu’on considérerait ratée mais qu’on rattraperait avec du n/b mais bien d’un choix initial délibéré.  Et notre cadrage s’appuie sur les formes d’un sujet essentiellement.

Deux éléments prennent également de l’importance dans la photo paysage n/b.  Le premier, le ciel.  Un beau ciel uni bleu dans votre photo n/b suscitera peu de relief.  Si une belle couleur bleue porte et a un certain poids graphique dans la photo couleur, son pendant uni gris en a moins.  Sans relief ni nuance ni masse, un ciel gris offre peu d’intérêt.  Voilà pourquoi la photo paysage n/b sied bien à des cieux avec de la personnalité.  Plus que jamais, lorsque les circonstances s’y prêtent, il ne faut pas hésiter à faire de la photo paysage à l’approche ou au sortir d’une tempête pour aller miser sur des masses nuageuses.  N’hésitez pas alors à faire votre mesure d’exposition pour le ciel.

L’autre élément qui s’exprime beaucoup dans la photo paysage n/b est la lumière.  Celle-ci m’apparaît plus visible que dans une photo couleur.  Son impact est plus perceptible puisque la couleur n’est pas là pour retenir notre attention.  Certains rayons lumineux sur des points spécifiques dans votre photo paysage n/b créeront de la magie et donneront du relief à votre photo.  C’est certainement un élément à ne pas négliger et à profiter dans votre cadrage et mesure d’exposition.

Votre traitement numérique

Il y a des similitudes dans le traitement numérique des photos couleur et n/b.  On ne doit pas hésiter à rectifier un cadrage pour éliminer un élément superflu par exemple.  En n/b, le superflu devient encore plus évident.  De plus, le contraste est une composante importante dans la résultante de notre photo.  On peut insister sur ce contraste sans toutefois trop appuyer sur le champignon.  C’est toutefois dans le traitement des gris moyens que réside le succès de notre photo.  Au sortir de notre appareil, les gris moyens sont passablement ternes, sans relief, sans personnalité.  Il ne faut pas hésiter à utiliser l’outil «Courbe» dans certains logiciels ou encore l’ajustement local du contraste pour travailler nos gris moyens.  L’ajout localisé de grain (ou encore de structure) dans le ciel donnera également des résultats intéressants.

En définitive, je vous recommande vivement de traiter vos photos n/b dans votre chambre numérique.  Se contenter d’une photo n/b directement de votre appareil produira une photo correcte mais malheureusement sans l’accentuation contraste/netteté (voire même ajout de grain) qui créé le charme du n/b.  Sans compter qu’il peut être nécessaire de peaufiner son cadrage.  Il ne faut donc hésiter: direction traitement logiciel.

Au chapitre des logiciels pour traiter les photos n/b, plusieurs font un excellent travail.  J’ai particulièrement à l’esprit Lightroom accompagné de mon plug-in préféré Silver Efex2 de Nik’s Software.  J’ai entendu le plus grand bien également du plug-in Perfect B&W de OnOne Software.  Pour l’avoir expérimenté, le module n/b dans Picasa (gratuit) permet des ajustements intéressants en recourant aux filtres.  Pour ceux qui choisissent de ne pas investir dans les logiciels, Picasa est un outil judicieux à mon avis.  Les plus audacieux côté techno jetteront un coup d’oeil aux logiciels libres de source Gimp ou Paint.net.  Avec les ajouts de modules, ils deviennent des outils d’assez haut niveau.  Il faut toutefois prendre le temps d’enrichir le logiciel de base de modules complémentaires facilement disponibles et identifiables à partir de recherches sur le Web.

Sources d’inspiration pour photo paysage n/b

• Ansel Adams (avais-je vraiment besoin de le nommer?)
• Michael Kenna
• Francis Gagnon (photographe québécois)

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