La photographie infrarouge, c’est tellement différent. C’est comme s’il s’agissait d’un monde parallèle. Tous ces coloris de vert qui deviennent blanc laiteux créent un imaginaire où les formes prennent toute leur importance et créent un espace graphique à l’intérieur duquel on peut s’éclater. Tant qu’au propos, on connaît bien la photographie infrarouge pour la photo paysage. Et si le monde fabuleux de la photographie infrarouge s’invitait en milieu urbain? Pourquoi pas?
Merci d’être à ce nouveau rendez-vous. Merci pour votre présence. Je formule des remerciements plus particuliers à ceux et celles qui ont pris le temps de répondre à mon sondage. Vos réponses sont inspirantes. Vraiment. Je comprends par celles-ci que vous trouvez que ce blog et mes réflexions vous inspirent au chapitre de la créativité, de la démarche personnelle, du propos. Je comprends que certaines informations techniques peuvent être d’intérêt pour vous à l’occasion mais que vous ne cherchez pas dans ce blog un propos principalement axé sur les connaissances techniques – qu’il s’agisse des appareils ou encore du traitement logiciel numérique. D’autres sites et blogs couvrent ce territoire pour vous. Merci également pour les suggestions d’éventuels articles. C’est très apprécié. Pour ceux et celles qui reviennent de vacances et qui n’auraient pas été en mesure de répondre au sondage, n’hésitez pas à le faire. Je prends connaissance des réponses à celui-ci périodiquement. C’est une mine précieuse de renseignements et d’inspiration.
Les lecteurs de ce blog savent que j’ai déjà abordé la photographie infrarouge à quelques reprises. Les résultats de ce type de photographie peuvent être spectaculaires grâce au filtre qui bouleverse le spectre lumineux habituel. Cependant, tout spectacle n’est pas nécessairement un spectacle intéressant et pertinent s’il n’est pas accompagné d’une démarche graphique, artistique et, ne l’oublions pas, d’un propos. Sans l’un ou l’autre, sinon tous ces éléments, la photographie infrarouge peut devenir lassante. Donc, au-delà de l’effet, il faut soigner sa composition, identifier des éléments graphiques forts qui pourront tenir tête à cet espace lumineux qui les ceinturera.
Histoire d’une virée urbaine
Ce n’était pas vraiment prévu. J’avais choisi ce matin-là d’aller faire une virée dans un quartier montréalais pour faire de la photo de rue avec mon tout nouveau Canon G5X. Connaissant le quartier, je m’étais dit qu’il y avait peut-être du potentiel pour de la photographie infrarouge mais sans plus. Je n’étais pas l’objectif premier. Alors, plus par réflexe qu’autre chose, j’avais engouffré mon compact Canon G11 converti pour la photo infrarouge dans mon sac. Arrivé sur place, j’ai remarqué une composition intéressante et j’ai sorti mon appareil régulier. Après quelques photos, le clignotant de la batterie m’indique la fin imminente de celle-ci. Bon, bon, bon. Pas de soucis même si je pousse quelques soupirs en pensant à la consommation exagérée des piles des appareils sans-miroir en raison notamment des viseurs électroniques et d’autres fonctions. Je me formule également quelques reproches au passage. Pourquoi ne pas avoir rechargé cette pile après ma dernière sortie. Grrrr. Toutefois, j’ai une deuxième pile. Rien n’est perdu. Sauf que…elle est où cette 2e pile? Pourtant je la range à tel endroit. Il est vide. Peut-être est-elle tombée au moment où j’ai sorti le sac photo de mon appareil? Fouille sur le trottoir. Nouvelles fouilles partout dans mon sac. À un moment donné, je dois me rendre à l’évidence: pas de 2e pile pour venir à la rescousse de mon dorénavant tristounet appareil compact.
Bon. Ne doit-on pas faire contre mauvaise fortune bon coeur? Auquel je rajouterais le familier «Why not coconut»? Puisque mon appareil régulier rate un rendez-vous, pourquoi ne pas profiter de l’espace urbain pour la photographie infrarouge. Hop, on sort l’autre appareil compact – celui converti au profit de la photographie infrarouge. C’est parti.
Dans le référentiel qui est le mien, dès que je travaille en noir et blanc, j’accorde beaucoup d’importance aux formes. Il en va de même avec l’infrarouge. J’identifie des ensembles, des masses, des formes et je compose mes cadrages en fonction de ceux-ci. Pour que ces voies ferrées guident notre regard vers l’arrière de la photo, j’en ai positionné une dans le cadre inférieur droit pour qu’elle happe notre regard et dirige celui-ci vers le centre. Dommage un peu que le ciel était complètement bouché ce matin-là car l’infrarouge n’a pas son pareil pour faire ressortir les masses nuageuses.
Ici l’infrarouge permet de créer un contraste important entre la douceur de la végétation et un côté plus «grunge» du viaduc. Notre regard est davantage dirigé par le cadre créé par le viaduc et non nécessairement la voie ferrée.
Une ruelle devient tout à fait autre sous le regard de la photographie infrarouge. Plus que jamais, on a une invitation à pénétrer dans un univers autre. Dans le traitement numérique, tout est une question de préférence. Je suis partisan dans ma démarche – tout comme en noir et blanc – d’avoir des noirs solides pour appuyer la photo. N’avoir que des tonalités de gris ne me convient pas – mais il s’agit vraiment de préférences personnelles.
Et la photographie infrarouge pour de la photo de rue? Pourquoi pas. On trouve un cadre sympathique pour faire notre mise en scène et on patiente. Ce matin-là, le filtre infrarouge de l’appareil permettaient aux bleus de s’inviter dans notre registre lumineux dès la capture de la photo. C’est sympathique car souvent, le bleu émerge seulement lors du traitement numérique de la photo.
La photographie infrarouge donne souvent une apparence plus laiteuse à la peau des personnes avec un petit côté évanescent, fantôme, translucide presque. François Desrosiers – celui qui m’a permis de découvrir la photographie infrarouge – a réalisé des portraits à l’infrarouge. C’est un rendu très différent, très particulier, très différent. Dans ce cas-ci, il s’agit d’une scène de rue avec en prime, le bleuté qui s’invite en fond d’écran.
L’infrarouge, comment y arriver?
Comme je l’indique dans un article précédent, on est en mesure de capter des photos en infrarouge de deux façons: soit par l’acquisition d’un filtre spécifique pour l’un de nos objectifs, soit en faisant convertir un appareil photo pour qu’il produise spécifiquement (et de façon irréversible) des photos en infrarouge. J’ai utilisé les deux façons. La plus confortable des deux – pour moi – repose sur la conversion d’un appareil puisqu’on travaille de la même façon qu’avec un appareil habituel. On peut travailler à main levée alors que le recours à un filtre nécessite de travailler avec un trépied et de faire nos ajustements et mise au point avant de mettre notre filtre sur notre objectif.
Mieux encore, on peut choisir de transformer un bon appareil compact au profit de la photographie infrarouge. On peut alors inclure ce dernier dans notre sac photo sans que la photographie infrarouge devienne un boulet. 🙂 Quoiqu’il en soit, l’excellent site LifePixel Digital Infrared reste une référence pour vous renseigner sur les tenants et les aboutissants de l’une ou l’autre des options. Les explications sur la conversion d’un appareil sont également bien faites.
Si vous avez le goût toutefois de voir le potentiel de vos photos en infrarouge, il existe bien sûr certains outils de traitement numérique qui simulent un rendu en infrarouge. J’ai également vu dans la vidéo ci-dessous certaines manipulations dans Lightroom pour en arriver à un rendu en infrarouge. Désolé, la vidéo est en anglais mais elle est plutôt courte et les manipulations à l’écran sont compréhensibles et faciles à retenir. Le résultat peut être correct pour s’initier et voir le potentiel.
J’espère que cet article vous aura plu et pourra vous permettre d’envisager – si la chose vous intéresse – de nouveaux horizons créatifs. N’hésitez pas à commenter ou encore à poser des questions. Vos mots sont importants et merci encore une fois pour votre présence.
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